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Egologie - deuxième partie

La plasticité du "je"

Abstract: A partir d'une mise en relations de "l'image que j'ai de moi", de la spécificité de mes joies, de "l'image de 'celui que je voudrais être'" et de "l'image que les autres ont de moi", je peux élucider les marges de manoeuvres dont je dispose dans a quête de la joie.

 

Introduction

Je voudrais aimer plus, aimer mieux, être aimé plus, être aimé mieux. Je constate que je n'y arrive pas: je reste le jouet de l'impatience, d'une pulsion sexuelle encombrante, d'un souvenir obsédant, de la timidité, etc.

Quelle est la marge de manoeuvre du «je» lorsqu'il découvre en lui une sympathie ou un désir qui ne lui plait pas ou qui ne plait pas au monde? Dans quelle mesure le «je» peut-il se changer parce qu'il le désire?

Pour tenter de le savoir, le plus sain serait peut-être de partir de l'expérience commune plutôt que d'une quelconque théorie de la liberté ou de l'illusion. Or tout le monde ressent qu'il n'est ni totalement libre d'être ce qu'il désire être, ni totalement incapable d'agir sur son identité actuelle. D'énormes forces d'inerties font que je n'ai pas qu'à décider pour me transformer.

«Je» ne suis pas un wagon décroché sur des rails en pente. Sur ces rails en pente, le «je» est une lourde locomotive qui pour aller de l'enfance au tombeau peut seulement choisir de rouler plus ou moins vite, de nuit plutôt que de jour, en tirant plus ou moins d'avoir, plus ou moins de cosmétiques, plus ou moins de désirs. Les freins s'usent et il n'y a au tender qu'une quantité limitée de charbon. Le voilà son lot!

Pour réfléchir plus avant, j'accepte pour le moment cette première évidence certes discutable mais encore trop puissantes que pour pouvoir s'effacer derrière une théorie de la liberté ou un déterminisme obtus.

 

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J'ai arbitrairement choisi, pour avancer dans mon enquête, d'analyser le «je» à partir des relations qui lient entre elles quatre de ses parties: 1-l'image que j'ai du "je", 2-le mystère du "je", 3-l'image que le monde a du "je" et 4-l'image de ce que "je" voudrais être. (Cf. étude dédiée à cette division arbitraire). Voyons ce que chacune de ces parties oppose comme inertie et dispose de plasticité pour servir ma volonté ou mes désirs. (Pour la différence entre désir et volonté, voir article dédié)

 

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Plasticité de 'l'image que j'ai du «je»'

 

Je peux me lever tous les jours à l'heure des moines et méditer au cours de la nuit. C'est indéniable. J'ai la possibilité d'améliorer la connaissance que j'ai du «je», même en prison, surtout en prison... Je peux aussi étudier pour mieux me verbaliser: la philosophie, la psychologie, les spiritualités, ...lire des poèmes et des livres de mathématique, écouter les vieux... Qui osera prétendre que tout cela lui est impossible? Pas celui qui s'efforce déjà de lire ce texte-ci en tout cas.

Le «je» se laisse progressivement déshabiller par mon travail critique. Je peux toujours en savoir plus, étoffer, nuancer... Il suffit de m'asseoir dans le silence et le noir. ...Et de me battre contre ma peur, ma malhonnêteté intellectuelle, ma limite intellectuelle. ...Ne pas laisser ma lucidité et mon vouloir s'aveugler par mes "sympathies spontanées" (Védana)... Ce travail n'est pas toujours plaisant mais il n'est jamais inutile.

 

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La plasticité du mystère: le 'noyau dur'

 

Le «je» subit la règle de son 'noyau dur'. Cette passivité gêne la globalité du «je» lorsqu'elle entre en contradiction avec les tendances de ses autres constituants du «je». «Je» voudrais être malin, «je» voudrais n'être pas timide, «je» voudrais, «je» voudrais, «je» voudrais, ...mais au coeur de mon coeur,un 'noyau dur', n'en fait qu'à sa tête!

Il serait sot celui qui penserait tout savoir de cette inertie intérieure qui bride sa liberté. Il serait sot celui qui confondrait cette inertie intérieure avec l'image que son intelligence lui en donne. La pudeur du 'noyau dur' est énorme. Le plus commun des mortels qui médite sait qu'il y a dans ce 'noyau' un mystère qui toujours l'habite. Imperfection radicale du savoir!

Chacun de nous sait qu'en lui un 'noyau dur' impose des caractéristiques à la manière d'un maître vis-à-vis de son esclave. Le «je» peux probablement essayer de négocier quelques compromis mais la décision finale du 'noyau dur' est, en droit, radicalement imprévisible. Le 'noyau dur' a beau être un constituant très important de mon «je», il n'en est pourtant qu'un organe dont il subit la règle comme celle de son estomac ou de son coeur.

Il peut paraître vain de vouloir déformer le 'noyau dur' au point de le rendre totalement compatible avec 'l'image de ce que le «je» voudrais être' (ou de ce que le monde voudrait qu'il soit). Mais il serait tout aussi vain de vouloir démontrer son immuabilité. Je vois bien qu'il évolue (et je sens bien qu'il n'est pas question ici que de l'illusion produite par l'efficacité croissante de la technique de méditation utilisée). Je sens en mon 'noyau dur' un mouvement propre, comme celui de mon coeur. Ce qui dans le «je» est le plus profond, le plus permanent, a sa propre plasticité.

Ma matérialité, ma chair, (qui participe de ce 'noyau dur') a sa part de responsabilité dans ce mouvement sourd. Je sens bien, par exemple, qu'à cause de ma chair, une partie de mon 'noyau' est sinon totalement déterminé au moins largement prédisposé à se mouvoir dans une certaine direction plutôt que d'autres. (Les rails, toujours ces rails!): c'est l'effet de mon âge, de mon sexe, de ma race, de mes productions hormonales...)

Il me semble qu'il n'y a pas que l'ordre de ma chair dans ce mouvement intérieur. Ne pourrais-je pas parler aussi d'une influence de mon savoir? Une influence de ma manière de gérer mes désirs? Une influence de mes acquis spirituels?

Pour le dire d'une manière plus personnelle, ce 'noyau dur' qui résiste à ce que mon «je» voudrais devenir ne lui opposerait certainement pas le même type de résistance si j'avais dû toute sa vie me battre pour manger, vivre dans le désert, parler dès l'enfance une langue tonale, être fils unique, être élevé dans l'Islam ou n'avoir jamais appris à lire.

Oui, je pense que ce 'noyau dur' subit des pressions mutagènes non seulement de la chair mais aussi du savoir, de la pratique ascétique, de la pratique spirituelle et de l'environnement. Les réactions du 'noyau' à ces pressions mutagènes externes sont toujours in fine imprévisible en droit, tout comme la digestion, ou l'odeur naturelle que l'on dégage, ou l'humeur maussade. Il (le «je») ne commande pas plus son 'noyau dur' que son foie ou son estomac qui en font partie. Mais tout comme le «je» peux maltraiter, ignorer ou vaguement soigner son foie et son estomac, il a probablement aussi la possibilité de vaguement influencer le mouvement de ce qu'il y a de plus intime en lui.

J'en arrive alors à la question principale: dans quelle mesure la modification du 'noyau dur' risque-t-elle non de faire évoluer le «je» mais de le tuer tout simplement, de le remplacer par un autre. C'est ici que commence le territoire de l'éthique avec, avant toutes les autres questions fondatrices, celle du suicide (symbolique ou charnel). Toutes les autres variables classiquement utilisées en morales comme la liberté, la bonté ou le mérite ne peuvent se penser qu'après avoir bien positionné le suicide et sa légitimité. Que penser de la lobotomie qui me rendrait plus sociable? ...Et l'alcool qui neutralise ma timidité? ...Et l'héroïne? ...Et les amphétamines? (éthiquement, les drogues ne s'équivalent pas!) ...Et l'abnégation? ...Et ma vie virtuelle? Etc.

Un acte chirurgical, les neuroleptiques, les macérations ou les avatars ne méprisent pas nécessairement ce 'noyau dur'. Ils peuvent même l'exalter, le faire sortir des prisons. La fuite dans un univers virtuel par exemple peut laisser mon «je» poursuivre un désir important sans gêner mon environnement. Pas nécessairement un suicide donc mais, etc.

 

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Plasticité de 'l'image que le monde a de moi'

 

Cette 'image' est plurielle bien entendu et ce n'est que pour aller plus vite à l'essentiel que j'en parle au singulier.

'L'image que le monde a du «je»' est un autre acteur toujours imprévisible en droit dans l'établissement de l'identité. S'il est manifeste que le «je» peut tenter de modifier cette 'image' par des cosmétiques en tout genres, le monde reste, en droit, son seul véritable créateur. Le «je» subit les effets de cette 'image' dont la signification peut s'imposer jusqu'à mettre en péril sa liberté voire son existence (prison, échafaud, même pour les innocents...).

Pour modifier 'l'image que le monde a fabriquée', l'action du «je» ne suffit pas; il faut aussi que le «non-moi» (les autres, la chance et la malchance, la foudre du destin, la patrie, l'auditoire et son éducation, les journalistes...) lui en laisse la possibilité, ce qui est loin d'être toujours vrai. Le «je» peut essayer de négocier mais in fine, le monde n'en fait qu'à sa tête et pourrait aussi bien décider de ne rien entendre de ce que le «je» essaye de lui dire. Les juifs, les enfants, les femmes et tous les «impurs» de la terre le savent qui sont prisonniers d'une certaine 'image' dont ils ne se sentent pas nécessairement proches (ou, pire peut-être, qui ferait mieux de ne pas tant leur ressembler lorsque le monde refuse de se complexifier!). Il y a donc ici aussi, entre le «je» et cette image, une relation ambiguë qui mêle passivité et activité.

C'est plus compliqué encore.

Un moment vient au cours de ma croissance mentale où, d'évidence, 'l'image que le monde a du «je»' ne s'identifie plus nécessairement à ce que le «je» en sait. Non seulement je n'ai pas le contrôle de cette image mais en plus je ne la vois pas dans son intégralité! Nouvelle source d'anxiété pour le «je» qui, lorsqu'il a atteint ce degré de lucidité, sait aussi à quel point cette 'image' externe est pourtant bel et bien aussi une partie de lui, une partie aussi importante que sa propre intelligence ou son sexe. (Les frontières du «je» ont déjà quitté ce tracé simple qu'il se donnait dans l'enfance!)

En général, cette 'image que le monde a du «je»' est plus malléable que celle du 'noyau dur'. Si une orientation sexuelle par exemple -qui appartient certainement pour sa plus grande part au 'noyau dur'- oppose une inertie énorme à toute volonté de mutation il n'est pas trop compliqué de laisser le monde s'en construire une image tout à fait différente. L'inertie ne commence à se faire vraiment sentir que lorsqu'il s'agit de transformer une image de mon "je"qui lui a été associée 'par défaut' comme on dit en informatique ou lorsqu'il faut transformer une image déjà largement publiée dans le monde (le problème du marginal et le problème du repris de justice).

En fait, spontanément, le monde ne réfléchit pas nos «je»; il ne le fera que s'il lui est utile de le faire. En l'absence de nécessité il crée des images «par défaut» qui ressemblent aux normes sociales que ce monde se donne. Le quidam laisse faire soit parce qu'il s'y reconnaît assez bien, soit parce qu'il y reconnaît ce qu'il désire être tout en sachant que cela ne correspond pas à son 'noyau dur' (je reviens à l'exemple de l'orientation sexuelle qui est emblématique sur ce point... Et combien de misères sociales, familiales, et personnelles sont encore à recenser à cause de ce fard-là!).

La plasticité de 'l'image que le monde a de mon «je»' est donc relativement grande parce que le «je» peut facilement mentir (par action ou par omission). Entre le «je» et le monde il y a place pour un masque alors que c'est moins vrai entre le «je» et son 'noyau dur' (de moi à moi le «je» peut se laisser abuser par manque d'introspection mais il ne peut échapper au poids de ce que sa propre lucidité laisse apparaître; la différence est de taille!) Ce masque -les psychologues le savent bien qui essayent au cours de leurs thérapies de le faire tomber- est au coeur d'une infinité de malaises, de douleurs, de malentendus, de folies et d'injustices sociales.

Il n'est jamais certain que le monde se laissera illusionner par un masque et il n'est jamais sûr non plus que le monde ne créera pas de sa propre initiative un masque dont il aurait besoin pour assurer sa propre cohérence (typiquement une 'image' de bouc-émissaire ou de bouc-émissaire-inversé -la crapule et le saint- dont le social a besoin pour fixer publiquement ses jalons). En général pourtant, il n'y a pas trop de problème; les gens ressemblent souvent aux normes en cours.

La société par la voix de ses dirigeants préfère donc assumer la réalité banale en en faisant sa norme sans penser plus. Tant pis pour le malheur de ceux qui sont moins bien normés. Tant pis pour les minorités. Tant pis pour ceux qui sont nés sous les normes d'une autre société... Les fers, les ghettos, les lobotomies chirurgicales ou symboliques, les castrations chimiques, les scandales et autres piloris médiatiques,... Tout cela c'est tellement plus facile que la complexification de la gouvernance! La complexification du social est une tâche exigeante et trop coûteuse que pour être organisée en routine. Oui, la plasticité de 'l'image que le monde se fait du «je» a incontestablement des limites au delà desquelles le monde ne veut pas aller pour ne pas être obligé de se complexifier plus encore!

 

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Plasticité de ' l'image de ce que le «je» voudrais être'

'L'image de ce que le «je» voudrais être' n'est pas l'ensemble des désirs connus mais le reflet de ce que le «je» veut faire de ce 'noyau dur' et de ce que le «je» veux faire de 'l'image que le monde a de lui'. Le «je» possède en droit le pouvoir aussi bien d'assumer que de mépriser ses sympathies spontanées (védana) et les désirs qui en naissent. Le "je" a la possibilité de créer une tension entre les requêtes de chacun de ses constituants. Il a la possibilité de se donner un idéal.

Le «je» s'identifie autant par ces caractéristiques plus ou moins conscientes qui l'habitent que par une certaine manière de réagir à toutes ces caractéristiques, par une certaine manière d'en refuser a priori le diktat ...par une certaine manière de les cacher ou de les affirmer au monde.

Le «je» possède de droit la possibilité de juger et de hiérarchiser ses propres caractéristiques. Pour le faire, il peut bien-sûr s'en référer au plus fort de ses désirs, mais il peut aussi obéir à ce que sa lucidité lui dicte. Il y a incontestablement une différence de catégorie entre le désir et la lucidité! Il faudrait manquer d'esprit critique et de spiritualité pour le nier. Cette différence est au coeur de ce qui distingue la volonté et le désir.

In fine, certaines caractéristiques du «je» ne seront pas négligées parce que le «je» les localise -à tord peut-être- aux racines de son identité. D'autres seront combattues qui ennuient ou fatiguent. D'autres seront cultivées parce qu'elles distraient des angoisses existentielles. D'autres encore qui le blessent, etc.

L'idéal que le «je» se forge ainsi n'est pas toujours compatible avec le bonheur ou la paix intérieure, ou le monde... L'épreuve du réel se révèle impitoyable. Le «je» devra peut-être essayer de remodeler son idéal pour vivre mieux ou simplement survivre. Mais changer 'l'image de ce que "je" veux être' souffre aussi d'une certaine inertie (tout comme changer le 'noyau dur' ou changer une 'image que le monde se donne de moi').

Cette inertie est intimement liée à l'histoire personnelle des plaisirs et des frustrations. Le souvenir de plaisirs ainsi que les cicatrices de frustrations trop longues peuvent empoisonner le «je» jusque dans la formulation de son idéal.

C'est le grand danger de l'héroïne par exemple qui offre des plaisirs tels que la vie entière peut en rester blessée. L'obsession sexuelle est de même nature; qu'elle soit née d'un plaisir énorme ou d'une frustration extrême, elle peut harceler même le vieillard dont le corps ne demanderait pourtant plus rien en la matière.

Lorsque le «je» voudrait contrarier cette pression lancinante de son histoire passée, c'est une guerre qui commence. Pas facile de ne plus "désirer un désir" (surtout s'il s'agit d'effacer un désir issu d'une frustration trop longue qui peut aussi bien se tourner en haine).

Il y a une autre inertie très importante à prendre en compte lorsque le «je» veux changer son idéal: l'instinct mimétique. Dans ses stratégies pour ne pas devoir se complexifier, le monde se fait passer pour ma volonté; il essaye d'être lu comme un effet de mon propre discernement spirituel. Ce grossier truc de prêtre attaque la racine de mon honnêteté spirituelle... Attention! Le «je» tend alors à croire que ce que le monde propose comme idéal tient compte dans ses calcul de mon flux de de sympathies spontanées (védana) alors qu'il ne fait qu'en nier le mystère. Tout en feignant me révéler à moi-même ma volonté, le monde me fabrique un désir étrange, sans corps, par lequel, faute d'assise limbique, le «je» marche au suicide souvent avec le front haut.

'L'image de ce que le "je" voudrait être' donne au "je" une direction pour travailler ses propres constituants. Cela peut se traduire par des attitudes très différentes (qui font la différence entre le héros, le lâche, le «no life», l'activiste, le pragmatique, le schizophrène, l'ermite...):

 

  • Lutter contre les sympathies les plus marginales du 'noyau dur' et tenter, tant que faire se peut, une conformation à la norme du monde par un travail sur les désirs.
  • Lutter pour l'émancipation de toutes les tendances dominantes du flux de sympathies produit par le 'noyau dur' malgré le monde, quitte à entrer dans des univers virtuels pour respecter ou fuir les sombres nuages d'altérité qui sinon me menaceraient.
  • Lutter pour l'émancipation de toutes les tendances dominantes du flux de sympathies limbique produit par le 'noyau dur' mais sans accepter les illusions du virtuel... Aider ou obliger le monde à se complexifier!
  • Assumer toutes les tendances du 'noyau dur' mais vivre caché, dans la nuit des sphères dites 'alternatives', des ghettos...
  • Ne pas lutter, accepter toute l'ampleur du non-moi, subir tout...
  • Lutter pour obtenir l'abnégation du «je» dans l'obéissance parfaite, le conformisme d'une secte ou d'un ordre religieux, la volonté imbécile de suivre la mode et la publicité...
  • (...)

Ce ne sont pas les choix possibles qui manquent. Le «je» pour élaborer son idéal surfe entre la lucidité, l'inertie, les désirs, les sympathies qui naissent 'malgré moi' (védana) de mon noyau dur, ...et la réalité du monde! Ce n'est qu'à partir d'ici que le péché contre l'Esprit devient une possibilité.

 

 

paul yves wery - Bruxelles - Février 2007

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