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			  père H., trappiste, puis ermite, puis abbé.  Semaine sainte 1979  Dimanche des Rameaux.  Introduction à la célébration Mes frères, Nous voici arrivés au seuil de la grande Semaine, grande
              par le mystère qu'elle resserre, grande par l'ampleur de
              sa liturgie, grande par les sentiments qu'elle va éveiller
              et entretenir en nous.  Cette grande semaine se présente chaque année au
              moment de la pleine lune du printemps, et elle est comme un symbole
              de l'éternité. En elle, toute la durée se
              condense avec une force quasi infinie, et le centre, le noyau,
              c'est la personne du Fils de Dieu, du Christ Jésus, vivant
              aujourd'hui et ici présent parmi nous dans cette salle.  Et sur ce Christ Jésus nous sommes greffés. En lui
              nous sommes morts, déjà notre mort appartient à notre
              passé en lui, en lui nous vivrons et en lui déjà réellement,
              nous sommes en train de ressusciter.  Le premier geste que nous allons poser au seuil de cette semaine,
              ce sera le geste de la sequela Christi , marcher à la
              suite du Christ. Et ce geste, nous le poserons en traversant nos
              cloîtres, avec en main les palmes de la victoire qu'il nous
              a acquise en triomphant de la mort.  Mes frères, la Vie du Christ bouillonne en nous, et rien,
              jamais, ne pourra nous nuire.     Homélie
              après l'Evangile de la bénédiction des rameaux. Mes frères, Il est un détail de ce récit qui vient de retenir
              mon attention. Il est dit que les disciples n'avaient pas
              compris ce qui arrivait à Jésus, ce qui leurs arrivait à eux.
              Ils comprirent plus tard ! Aujourd'hui, c'est nous qui sommes les disciples du Christ, et
              nous ne comprenons pas ce qui nous arrive, ce qui arrive à nos
              frères, ce qui arrive au Christ en nous, jour après
              jour, instant par instant. Nous ne comprenons pas !  Nous devrons nous aussi attendre l'heure de notre glorification
              pour que nous parvenions enfin à lire le livre magnifique
              que l'Esprit de Dieu aura écrit en nous, qu'il aura écrit
              en chacun de nos frères, qu'il aura écrit en la personne
              du Christ vivant et ressuscitant en nous, après être
              mort et avoir souffert, encore une fois, à travers nous. Et cette heure de notre glorification, nous devons la hâter.
              Et nous la hâterons, si nous nous laissons porter par une
              Parole qui nous est adressée, que nous devons entendre.
              Nous devons pour cela ouvrir l'oreille de notre coeur, comme nous
              le recommande Saint Benoît. Et cette Parole , la voici : « Avant
              que tu fusses né, je t'avais déjà destiné à porter, à glorifier
              mon nom à la face du monde entier, à la face des
              anges et à la face des hommes. »  Mes frères, c'est là notre destinée finale.
              Que les hommes en nous voyant puissent reconna1tre Dieu, lui rendre
              grâces et le glorifier. Mes frères, hâter le moment de cette glorification
              de Dieu en nous, glorification qui est la nôtre, nous le
              faisons par notre obéissance, c'est à dire en nous
              insérant, instant par instant, dans cette Parole qui s'articule à nos
              oreilles et sous nos yeux. C'est là mes frères, l'activité la
              plus noble de l'homme !  Après celle-là il y en a d'autres, naturellement,
              mais toutes elles n'ont leur noblesse que dans la mesure ou elles
              se subordonnent à cette insertion de notre vie dans la Parole
              de Dieu qui s'adresse à nous, qui nous invite et qui nous
              forme. Mes frères, nous allons maintenant nous attacher symboliquement à cette
              Parole par notre déambulation à travers les cloîtres.
              Nous allons, comme Abraham, suivre la Parole ; Abraham qui
              partit sans savoir où il allait, sans savoir où cette
              Parole le conduirait. Il portait déjà dans son coeur
              le pressentiment de cette gloire qui serait un jour la sienne,
              qui serait un jour celle de tous ceux qui seraient ses descendants,
              ses descendants par la foi qu'ils ajouteraient à cette Parole,
              de cette gloire qui nimbe l'être même de Dieu. Mes frères, lorsque nous voyons un homme, pensons toujours
              que cet homme, tel qu'il soit, est destiné à entendre
              la Parole de Dieu, à la suivre et à être transformé par
              elle. Mais nous devons, nous, être pour les hommes des lumières,
              des références vers lesquelles ils pourront regarder,
              parce que le Christ pour eux est peut-être tellement loin,
              est peut-être totalement inexistant.  Et lorsqu'ils nous voient, ils devraient pouvoir savoir comment
              se conduire et savoir qu'il existe quelque chose, ou plutôt
              quelqu'un, que ce quelqu'un est une Parole d'Amour, et qu'il suffit
              de s'abandonner à elle pour, à travers toutes les
              souffrances, toutes les morts de cette vie arriver au véritable
              bonheur qui est de regarder et de se laisser animer pour l'éternité par
              la Vie même de Dieu, qui est notre suprême glorification.     Homélie
              après la lecture de la Passion. Mes frères, La semaine Sainte s'ouvre sur le récit
              d'une passion, la passion du Fils de Dieu. Cette passion, est-elle
              d'hier ou est-elle d'aujourd'hui ? Elle est d'aujourd'hui, comme
              elle était d'hier. Pascal n'a-t-il pas dit que le Christ
              serait en agonie jusqu'à la fin des temps. Jésus, au moment d'expirer, poussa un grand cri. C'est
              le cri d'un homme, mais c'est aussi le cri de Dieu. Et ce cri est
              tellement grand, il est sans mesure. Il ébranle les cieux
              et la terre et il retentit à travers les mondes jusqu'à la
              fin de la durée, jusqu'au moment où, ayant ramassé tous
              les cris qui jaillissent du coeur des hommes, les cris de souffrance,
              les cris de désespoir, aussi les cris de haine et les cris
              d'amour, tous ces cris il les aura ramassés ; et il
              pourra alors les présenter à travers le sien et dire à son
              Père : «  Maintenant, tout est consommé et
              1'heure de notre gloire à tous est arrivée. » Mes frères, le contemplatif est un homme qui entend ce
              cri. Il le perçoit sans arrêt. Le décrire,
              le reproduire est impossible, mais en répercuter l'écho
              est non seulement possible, mais c'est un devoir. Et l'écho
              de ce cri c'est un geste, mais un geste fou. Il faut être
              possédé par ce cri, il faut vivre de lui et vivre
              pour lui. Il faut disparaître en lui jusqu'à devenir
              soi-même un cri, et ne plus être que pur écho,
              et poser des gestes de folie. Nous en avons un exemple encore dans le récit que nous
              venons d'entendre. Il y avait là une femme. Jésus,
              lui, n'avait pas encore poussé son cri. Mais cette femme
              l'entendait déjà gronder dans la poitrine de Jésus.
              Et ce grondement qu'elle entendait, jette cette femme hors d'elle-même,
              et elle pose un geste de folie.  Elle prend un vase d'albâtre, matière précieuse
              déjà, elle le brise et elle en verse le contenu sur
              la tête de Jésus. Le contenu, c'est un parfum d'une
              valeur inestimable, et elle le verse sur la tête de Jésus.Et
              ce parfum coûte plus de 300 pièces d'argent. Une pièce
              d'argent, c'est le salaire, c'est le gain de toute une journée
              de travail, et 300 pièces d'argent dans nos francs d'aujourd'hui
              cela représente 400 à 500.000 francs ! Et voilà qu'en quelques secondes, cette fortune, ce parfum
              est versé sur la tête de Jésus. L'entourage
              s'indigne. Ils sont étrangers au geste. Ils ne comprennent
              pas, ils ne sauraient pas comprendre car ils n'entendent pas le
              grondement de ce cri dans la poitrine de Jésus. C'est une
              affaire entre Jésus et cette femme ; tout le reste
              du monde est étranger.  Mais maintenant, Jésus connaît quelque chose. Cette
              femme a versé avec son parfum sa propre substance dans le
              coeur de Jésus, et Jésus sait maintenant que sa mort
              ne sera pas inutile. Il sait qu'il peut mourir et il sait aussi
              qu'il ressuscitera car il entend dans son coeur un écho
              qui lui dit : «  Toi, tu ne peux pas mourir,
              parce que tu es aimé ! » Mes frères, l'écho que nous devons à notre
              tour répercuter, c'est un tel amour, un amour qui fait poser
              le geste de folie suprême, cette folie qui est Sagesse. La
              seule vraie sagesse au regard de Dieu c'est le geste de l'amour,
              c'est de donner sa vie pour ceux qu'on aime, la déverser
              en une fois ou bien la distiller goutte à goutte.  Et si un jour, mes frères, nous avons le bonheur de rencontrer
              sur notre route un homme qui ainsi donne sa vie pour les autres,
              sachons bien que cet homme entend le cri, et que son amour n'est
              rien d'autre que l'écho qui répercute ce cri à travers
              le monde. Et c'est ce cri, ce seul cri qui parvient à émouvoir
              et à ébranler le coeur de Dieu. En tant que chrétien, mes frères, et en tant qu'appelé à la
              vie monastique il est de notre devoir de nous préparer à entendre
              ce cri et à le répercuter. Au cours de cette semaine,
              nous allons essayer d'en prendre conscience d'avantage encore et
              de nous convaincre que, si Dieu nous a donné la grâce
              de vivre aujourd'hui, c'est pour que nous soyons des échos
              vivants pour tous les hommes nos frères, afin que eux aussi
              croient, et que de proche en proche l'écho de ce cri se
              répercute jusqu'aux confins du monde, pour que finalement
              partout, Dieu soit tout en tous. Amen. 
 Lundi Saint.     Introduction à la célébration. Mes frères, Aujourd'hui la liturgie va nous présenter la fameuse scène
              de l'onction à Béthanie, où Marie la sœur
              de Marthe et de Lazare va répandre sur les pieds de Jésus
              un parfum d'un grand prix, et l'essuyer avec ses cheveu. On pourrait à partir
              de là, évoquer ce que doit être un véritable
              amour.  Mais nous pouvons maintenant au seuil de cette Eucharistie, nous
              demander quelle est la valeur et la vigueur de notre amour à nous ?
              Chaque jour, à chaque instant, sommes-nous disposés à donner
              notre vie, à l'exposer pour nos frères ? Ou bien
              ne nous arrive-t-il pas de les épier et de nous moquer d'eux,
              même pendant l'Eucharistie, à l'oreille de notre voisin ?
              Mes frères, ça arrive ! Reconnaissons nos défaillances, mes frères, les
              failles de notre vie ! Nous sommes pendant la Semaine Sainte.
              Nous devons être sérieux plus que jamais. L'Eucharistie,
              ce n'est pas une partie de plaisir, c'est le moment où le
              Christ revit, reconstitue sous nos yeux sa mort, à cause
              de nos péchés. Est-il mort pour rien ? Ou est-il
              mort pour nous ?     Introduction à la
              prière des fidèles. Mes frères, Nous allons demander à Dieu de susciter partout, dans tous
              les milieux, dans toutes les professions, des hommes et des femmes
              disposés à sacrifier leur vie pour semer un peu de
              bonheur autour d'eux.     Chapitre du soir. Mes frères, Voici quelques jours, au cours de l'Eucharistie j'écoutais
              avec vous la lecture, ou la proclamation plutôt d'un récit
              Evangélique, tiré de St Jean. Je ne sais plus exactement
              de quoi il s'agissait. Mais au moment même une pensée
              m'a traversé l'esprit. Puis elle est revenue et s'est installée
              et elle a fait son chemin. C'était celle-ci : Comment est-ce
              possible qu'une chose pareille soit arrivée, la condamnation,
              la mise à mort, le meurtre, le terme de Jésus-Christ
              ? O, je sais qu'on donne beaucoup d'explications. Il était
              un blasphémateur, il était un gêneur, il était
              un émeutier, il était un hérétique.
              Oui, c'est vrai ! Mais ce n'est pas satisfaisant, il y avait
              quelque chose en dessous de cela. Et je me suis dit : « Mais
              enfin, est-ce que cela ne pourrait pas nous arriver aujourd'hui
              ? Le Christ revit aujourd'hui dans les hommes, dans certains plus
              que dans d'autres naturellement, mais il est dans tous. Est-ce
              que cela ne pourrait pas m'arriver à moi ? Non, pas tant,
              je dirais, être la victime comme le Christ, c'est encore
              assez honorable, mais bien d'être meurtrier du Christ ?  Je me suis dit : « Eh bien voilà, puisque
              nous sommes dans la Semaine Sainte, je pourrais peut-être
              vous faire part de mes réflexions à ce sujet Non
              pas pour me protéger, mais vous allez comprendre. Les Juifs, à l'évoque du Christ, eh bien nous en
              avons une image caricaturale. Elle s'est forgée en nous à partir
              des récits Evangéliques lorsqu'ils sont lus de façon
              superficielle. Ce sont des hypocrites, ces Juifs, ce sont des arrivistes,
              ce sont des politiciens. Enfin c'est tout ce qu'on veut !  Et puis alors, il y a tout ce qui s'est accumulé au cours
              des siècles. Entendez un peu, à titre documentaire,
              les sermons de Saint Léon à l'occasion de la Passion,
              cette diatribe terrible contre ces Juifs. Il y a eu au cours des
              siècles les pogroms contre les Juifs, les génocides ;
              quand il arrivait quelque chose dans une cité, dans un pays,
              c'était toujours à cause des Juifs.  Nous l'avons connu, du moins les plus anciens ceux qui étaient
              dans le monde à cette époque là, les étoiles
              jaunes des Juifs pendant la dernière guerre, ces hommes
              traqués. Et puis vous le savez, 5 à 6 millions d'exterminés !
              Oui, eh bien ça c'est le juif ! Eh bien nous autres,
              cette image du juif, nous la reportons sur les juifs à l'époque
              du Christ. Enfin, pour avoir une petite comparaison, dans un univers qui
              nous est plus proche et qui nous touche peut-être de plus
              près dans notre vie, c'est un peu comme maintenant le patron,
              l'image du patron, ou bien le capitaliste, ou bien dans les milieux
              bourgeois, le socialisme. Il y a là toute une affabulation
              autour de ça, et des murs d1incompréhension s'élèvent
              entre les hommes.  Je me souviens lorsque je fréquentais non pas l'école
              du bon Dieu, mais l'école de satan, dès cet instant
              là j'ai été mis au ban de la société.
              Mes camarades du village, mais qui eux allaient à l'école
              du bon Dieu, ne pouvaient plus me parler, c'était interdit !
              J'étais devenu un être extrêmement dangereux.
              Il fallait en éviter la proximité de peur d'en être
              contaminé ! C'est peut-être pour ça que
              finalement je me suis réfugié dans une trappe ?  Enfin voilà, voyez, c'est pour dire comment les choses
              vont, et comment les choses sont. C'est tout récent, moi
              je l'ai vécu aussi, je l'ai subi. En fait, ces juifs à l'époque du Christ, mais c'étaient
              des hommes comme nous, ni meilleurs, ni pires que nous. Ce n'est
              pas parce qu'on est lié à Dieu par un contrat d'alliance
              qu'on est exempt de péché. Nous le savons, nous qui
              sommes aussi liés à Dieu. Et tous les jours, au moment
              de commencer l'Eucharistie, d'une façon ou d'une autre,
              nous nous reconnaissons publiquement pécheur. Et d'ailleurs
              il n'y a pas besoin de le reconnaître, de le dire, nous le
              faisons bien subir à nos frères, et nous devons aussi
              porter nous-mêmes notre état de péché.  Eh bien, les Juifs à l'époque du Christ, ils étaient
              comme nous. Pour être exempt de péché, vous
              savez, il faut autre chose que d'être lié à Dieu.
              Il faut être vraiment mort à tout, et puis ressuscité à une
              vie nouvelle qui est la vie en Christ. Il faut être devenu
              comme Lui, Lui qui n'a pas connu le péché. Et aussi
              longtemps que nous ne sommes pas arrivés là, eh bien,
              nous traînerons toujours des petites choses que les autres
              devront subir.  Alors pour ces hommes, ces contemporains du Christ, qu'en était-il
              par rapport à nous ? Il est certain qu'ils étaient
              profondément religieux. S'ils n'étaient pas exempts
              de péché, ils étaient certainement exempts
              de toute contamination idolâtrique. Cela, pour eux c'était
              fini. Avant Babylone, vous le savez, ils flirtaient volontiers
              avec les idoles de leurs voisins ; et puis alors, ils les épousaient
              en devenant infidèles à leur Dieu, qui pouvait alors
              jeter, pousser des hauts cris par les prophètes. Et finalement il y a eu le divorce. Il a dit : « Cela
              ne va plus ! » Il les a renvoyés, il les
              a envoyés au purgatoire de l'exil. Et lorsqu'ils sont revenus,
              eh bien ils étaient guéris. Ils étaient tellement
              bien guéris qu'ils sont devenus farouchement purs dans leur
              religion.  Ils avaient un culte, un double culte d'ailleurs : ils avaient
              le culte de la volonté de Dieu dans la loi, la Tora. Ils
              l'étudiaient, ils l'analysaient, et ce qui mieux est, ils
              la pratiquaient. Ils avaient le culte de la présence de
              Dieu, cette présence de Dieu symbolisée dans ce temple,
              vers lequel affluaient les richesses, non seulement des Israélites
              habitant sur la Terre Promise, mais de tous ceux qui habitaient
              au loin, chez les goïyms , chez les païens,
              et qui versaient leur contribution pour l'embellissement de ce
              temple qui était une vraie merveille. Pourquoi ? Parce que
              Dieu y habitait ! Ils avaient le culte de cette présence de Dieu. Voyez un
              peu ! Exactement ce que nous faisons dans une vie contemplative :
              vivre avec Dieu et faire sa volonté. C'était leur
              vie à eux. Mais pas seulement à quelques hommes,
              mais à tout un peuple. Naturellement ce n'était pas
              la perfection, loin de là ! C'étaient des pécheurs
              aussi, mais l'intention y était et la pratique aussi. Ils
              le faisaient avec toute leur bonne volonté.  D'ailleurs ils avaient à l'endroit de Dieu un attachement
              inconditionnel et ils le montraient. Lorsque les Grecs ont essayé d'introduire
              leurs idoles, leur panthéon, leur mythologie, ça
              a été un fameux soulèvement. Il y a d'abord
              eu des martyrs. Nous connaissons tout cela par Les Livres des Maccabées,
              de vrais martyrs. Je pense que dans l'ancien calendrier cistercien
              on en fêtait l'un ou l'autre, si j'ai bon souvenir ;
              ou on en parlait, on en parlai t certainement.  Et puis alors, ils se sont révoltés. Il fallait
              mourir pour la Loi et mourir pour le Temple, et ils mouraient.
              Ils se sont battus, ils ont fait du maquis d'abord et puis ils
              se sont groupés et ils ont mis les Grecs à la porte.
              Ils étaient devenus à nouveau les maîtres chez
              eux. Ils ont purifié le temple, purifié leur coeur,
              purifié tout. Ils étaient farouchement attachés à leur
              Dieu, à leur Loi, aux coutumes de leurs ancêtres, à leur
              temple, à leur terre. Que pouvait-on imaginer de mieux pour
              eux ? Et alors, ils ont produit des merveilles de spiritualité.
              Vous savez, nos Livres Sapientiaux que par discrétion et
              par respect ils ont placé sous le nom d'un grand prophète
              ou d'un grand roi comme Salomon.  Naturellement, ils ont collationné des proverbes, des sentences
              qui venaient de beaucoup plus loin, de l'époque de la constitution
              de leur peuple et puis de la sagesse des nations qui les environnaient.
              Mais ils avaient purifié tout cela, ils l'avaient digéré,
              assimilé à leur être spirituel d'homme lié à Dieu.  Nous en connaissons quelques uns, mais enfin le tout dernier,
              quelques années, pas longtemps, 40 à 50 ans avant
              notre ère, le Livre de la Sagesse, le plus beau de tous.
              Voilà n'est-ce pas ! Il y avait aussi, à l'époque du Christ, des Saints
              qui vivaient, des Docteurs, des Rabbis, dont les sentences nous
              ont été conservées par les livres Juifs Talmudiques.
              Ces sentences peuvent être mises, pour la plus part, sur
              le même pied que les sentences du Christ, tellement elles
              sont profondes et qu'elles sont belles. Et voilà, telle était
              leur nourriture  Et alors mes frères, ce que ça donnait ? Cela a
              donné Marie ; ça a donné Joseph ; ça
              a donné les parents de Jean-Baptiste et Jean-Baptiste lui-même.
              Et puis tous ces amis de Jésus : celle dont on a parlé aujourd'hui,
              Marie, et sa sœur, et son frère, et tant d'autres, tant
              d'autres encore dont nous connaissons les noms, et puis dont nous
              ne connaissons pas les noms. Ce n'était donc pas un peuple
              de réprouvés. Non, il y avait des Saint, et des quantités,
              sur cette petite terre. Mais alors, comment est-ce possible ? Toujours cette question:
              comment est-ce possible? On peut dire que dans l'histoire d'Israël,
              jamais le niveau religieux n'avait été aussi élevé qu'à ce
              moment là, jamais n'est-ce pas.  Il y avait chez eux une orthodoxie doctrinale qui était
              parfaite, et elle était tenue en main. Il y avait une foi
              vigoureuse qui s'était, encore une fois, exprimée
              dans cette lutte pour leur foi, dans leurs martyrs, et maintenant
              dans leurs Docteurs, dans leurs Saints. Il y avait aussi un élan missionnaire qui était
              réel, et qui était puissant. Ils savaient très
              bien qu'ils possédaient un trésor, que ce trésor
              c'était leur relation avec le Dieu Unique, Créateur,
              ce Dieu qui les aimait, qui les portait, qui les protégeait.
              Mais ils ne voulaient pas le garder pour eux seuls, ils voulaient
              en faire profiter les étrangers.  Vous aviez des prosélytes, ils envoyaient même des shelihim ,
              des apôtres. Ils les envoyaient au loin pour essayer de prêcher
              un petit peu dans ce monde païen la véritable connaissance
              de Dieu. Et ça, non seulement à partir de Jérusalem,
              mais à partir de toutes les communautés qui étaient
              dispersées à travers le monde connu de l'époque. Eh bien, on peut dire que les conditions optimales étaient
              réunies à ce moment là pour l'incarnation
              du Verbe de Dieu. C'est d'ailleurs à ce moment là qu'il
              est venu, qu'il s'est incarné. C'est à ce moment
              là, que l'arbre d'Israël avait produit et sa fleur
              et son fruit qui était Marie. Cela ne pouvait pas germer
              sur une racine pourrie, ni sur un tronc vermoulu ? Non, il était
              un pleine vigueur.  Et alors, quand on voit tout ça, et qu'on sait tout ça,
              on se demande mais comment est-ce possible que lorsque le Verbe
              de Dieu incarné soit là, ça se termine sur
              une tragédie pareille ? Voilà l'idée, la pensée qui m'est passée à travers
              la tête. Et si vous voulez, demain et après demain,
              en attendant le Jeudi-Saint et alors le déroulement pour
              nous de cette terrible tragédie, nous allons si vous le
              permettez y réfléchir, parce que encore une fois
              nous sommes très intéressé par cette chose.
              Il y a toujours derrière ma tête cette arrière
              pensée alors qui est là : oui mais, est-ce que aujourd'hui ça
              ne pourrait pas encore nous arriver à nous ? Il faut dire que c'est arrivé ! Mais à nous ? 
 MARDI-SAINT.  Chapitre du soir. Mes frères, Dans le procès du Christ il y a un élément
              troublant, et c'est celui-ci : il est mis à mort non pas
              par la racaille mais par l'élite intellectuelle et spirituelle
              de son peuple, et cela contredit toutes les règles du jeu.  Le juste, suivant ces règles, si je puis me permettre cette
              expression, doit être mis à mort par les impies. Il
              est pour eux un reproche vivant. Le Livre de la Sagesse a un long
              développement à ce sujet : les impies ne savent
              plus le voir, ils ne savent plus le sentir. Il faut l'écarter
              ce juste, il faut le mettre hors d'état de nuire !
              On va lui tendre un piège et on va le tuer.  Il n'en n'a pas été ainsi pour Jésus. C'est
              plutôt la racaille qui lui courait derrière, et il
              a été assassiné par l'élite religieuse
              de son peuple. Et ça, c'est quelque chose d'assez troublant ! Cette élite, c'était des hommes, nous les connaissons,
              des pharisiens des scribes, des docteurs, des prêtres. C'était
              l'ossature et la musculature du peuple d'Israël, ce qui lui
              donnait la santé, le tonus spirituel, et matériel
              aussi à toute la nation. Ces hommes avaient maîtrisé le
              phénomène Dieu. Ils n'avaient plus rien à apprendre,
              ni au sujet de Dieu, ni au sujet de la Loi, ni au sujet du Royaume
              de Dieu.  Ils avaient tout préparé, et tout était achevé.
              Dieu pouvait venir chez eux, il y serait bien accueilli. Ils lui
              avait édifié une maison, un palais, un temple spirituel
              qui était le Royaume déjà dans toute son organisation.
              Il ne fallait plus que le roi. Ils lui avaient préparé un
              trône, tout était là, tout était achevé.  Il suffisait que Dieu l'envoie du ciel, là où il
              le tenait en réserve car pour eux le Messie était
              déjà dans le ciel, et il allait venir sur des nuées.
              Pensez à cette tentation du Christ : « Jette-toi
              en bas du temple, et tout le monde va t'applaudir, tu seras le
              Messie qui descend du ciel. Ils l'attendaient, ils l'accueillaient, il était sur son
              trône. Et alors, à partir de là il pouvait
              gouverner au nom de Dieu, non seulement Israël, mais aussi
              l'univers entier. Et c'était la gloire suprême pour
              Israël, la gloire suprême pour tous ces sages et justes,
              dirigeants d'Israël ; et puis gloire suprême aussi
              pour Dieu.  C'était le plan de Dieu qui s'achevait. Il y avait alors
              une sorte de complicité qui s'établissait entre Dieu
              et ces hommes, Dieu devenait leur obligé, Dieu leur devait
              une rétribution, une récompense. Pensez encore à ces
              petites choses, pour dire que cela flottait dans l'esprit de tout
              le monde, même des apôtres. Lorsque la mère
              des enfants de Zébédée demandait : « Eh
              bien, un sera à ta droite et l'autre sera à ta gauche
              dans ton royaume ». C'était toujours là !  Et n'allons pas penser que c'est un phénomène propre
              aux Juifs, c'est la grande tentation de tous les hommes religieux ;
              et plus on est religieux et plus cette tentation est violente. Cela a été la grande tentation des chrétiens.
              Pour eux, ça c'était réalisé. Cela
              avait échoué pour les Juifs, mais eux avaient leur
              Roi, ils avaient leur Messie. Eux avaient partie liée avec
              Dieu, par une Alliance beaucoup plus intime, beaucoup plus serrée
              que l'Ancienne Alliance, c'était la nouvelle !  Nous avons eu alors ce phénomène de la chrétienté qui était
              symbolisé. Cela a commencé avec le fameux Pape Boniface
              VIII et puis un de ses successeurs, la triple couronne sur la tiare.
              Le représentant du Christ sur la terre, le Christ gouvernant
              la terre au divin, au spirituel et au temporel par l'entremise
              de son Pape, de son premier ministre Pierre. Et si nous voulons
              bien y réfléchir, nous devons nous dire que cela
              prend seulement fin maintenant, ce n'est pas si ancien.  C'est Paul VI qui vient de déposer sa tiare, il l'a déposée,
              il l'a enlevée. Il a dit : « C'est fini ! » Et
              ses successeurs Jean-Paul l et Jean-Paul II n'en n'ont plus voulu.
              C'est une affaire classée. On peut dire qu'une page est
              tournée. Mais que de malheurs et de catastrophes avant qu'on
              en arrive là ! Et ce n'est pas encore un phénomène propre aux chrétiens.
              Voilà que ça resurgit aujourd'hui, de nos jours,
              dans cette année-ci, dans ces républiques Islamiques
              qu'on voit venir. Il y en a eu une en Libye depuis quelques années,
              et en voici une en Iran pour l'instant. Et nous avons là.
              un vieux chef religieux, tout vieux, qui fait marcher combien ?
              30 à. 40 millions d'hommes et de femmes ?  Il vient, il y a quelques jours à peine, de menacer ces
              millions du fouet de Dieu,  c'est son expression, du fouet
              de Dieu  s'ils ne voulaient pas marcher selon les strictes
              lois de l'Islam. On condamne, dans ce pays, des hommes à mort
              pour le délit de lèse non pas majesté, mais
              lèse-Dieu, atteinte à 1 'honneur de Dieu.  Or vous voyez des millions et des millions de personnes, d'hommes,
              de femmes, qui ne sont pas des sous-évolués, qui
              emboîtent le pas. Voilà de nouveau le règne
              d'Allah dans ce pays. Toute la viande congelée par exemple, il faut la jeter.
              Or c'est un pays qui est déjà assez civilisé,
              et il faut la jeter parce qu'elle est impure selon les lois de
              l'Islam. Les femmes, qui sont aussi coquettes là-bas qu'ici,
              il veut les obliger à porter le voile, fermé jusque
              en-dessous des yeux, vêtues en noir. Et voilà, sinon
              attention au fouet de Dieu .  Et le fouet de Dieu  c'est le poteau d'exécution,
              il faut bien savoir ce que c'est. Vous voyez ! Et c'est encore
              une fois des braves gens qui sont mis à mort par des justes,
              par des hommes profondément religieux, qui prennent à coeur
              l'honneur de Dieu. C'est ça un peu l'ambiance en Palestine
              au moment où le Christ est arrivé. Mais on trouvera cela aussi dans les monastères. Comment
              cela va-t-il se traduire alors ? Cela. va se traduire par le triomphe
              de Dieu par la régularité et la ferveur. Observer
              la Règle ad litteram , donc la lettre de la Règle.
              Et puis alors tout ce qui vient autour de la Règle : les
              lois, les ordonnances, les prescriptions, les rubriques. Tout,
              tout, tout à la lettre. Alors nous avons là un exemple
              de ferveur, parce qu'on fait à ce moment là la volonté de
              Dieu, tout son être est donné dans le cadre. Car c'est
              vu comme un cadre que Dieu a préparé, dans lequel
              il faut entrer le Royaume de Dieu sous cette forme.  Et alors en conséquence, il y a une sorte de bilatéralité qui
              s'installe entre Dieu et le monastère régulier et
              fervent. Dieu lui doit la prospérité matérielle
              et aussi un abondant recrutement. Et c'est ça qui arrive ! Mais tout cela, vous voyez, ça fait rêver parce que
              apparemment ces tentatives, celles des Juifs donc, celles de la
              chrétienté, celles de ces républiques Islamiques,
              celles de ces monastères, apparemment c'est très
              beau, mais il y manque quelque chose, il y manque un rien. Et c'est
              ce rien qui fait tout claquer ; c'est ce rien qui fait que
              ces édifices qui apparaissent somptueux et très beaux,
              et même solides, ils deviennent des instruments de monstruosité et
              que finalement le Christ est à nouveau mis à mort !  Mais qu'est-ce qu'il manque ainsi ? Quel est ce petit rien qui
              manque ? Il est trop tard pour commencer aujourd'hui à en parler.
              Si vous le permettez, nous le laisserons pour demain soir...     MERCREDI-SAINT.  Chapitre du soir. Mes frères, A ces Juifs contemporains de Jésus, qui étaient
              des gens profondément pieux, des gens animés d'un
              zèle extrême pour Dieu et pour la Loi, Saint Paul
              qui avait été l'un des leurs leur rend ce témoignage ; à ces
              Juifs qui étaient irréprochables il leurs manquait
              quelque chose, un petit rien qui les aurait mis en consonance avec
              Dieu, et qui leurs aurait permis alors de comprendre le Christ,
              de l'accueillir, de se donner à lui. Il leurs manquait un
              oligo-élément.  Vous savez ce qu'est un oligo-élément dans un organisme.
              Nous portons en nous en quantités infinitésimales
              des métaux, des métalloïdes : du fer, du zinc,
              du manganèse, du cobalt, du cuivre, même de l'or.
              Et si un de ces oligo-éléments fait défaut,
              s'installe en nous une maladie de carence qui introduit toutes
              sortes de déséquilibres, et qui peut même si
              elle s'installe et qu'on ne peut la corriger, elle peut même
              conduire quelqu'un à la mort. Il manquait donc à ces Juifs un oligo-élément.
              Et ce tout petit élément qui les aurait mis en consonance
              avec Dieu, c'était un petit grain de folie ! C'étaient
              des gens trop raisonnables. Or vous le savez, les gens trop raisonnables
              sont atteints d'une double maladie.  D'abord la raideur ! La raideur, oui, une sorte de raideur
              organique. Ils sont engoncés dans le faux col de leurs raisonnements,
              de leurs déductions, de leurs conclusions, de leurs habitudes.  Et alors, corrélativement, la seconde maladie c'est la
              peur de vivre. Rien ne doit déranger des gens trop raisonnables.
              Il ne faut pas bousculer leurs raisonnements, car c'est trop bien
              construit. Si on introduit un élément perturbant,
              alors ils se dressent vous voyez, ils redeviennent raides, ils
              se raidissent, et ils peuvent devenir méchant ! Voilà les gens trop raisonnables ! Tels étaient
              ces Juifs parce qu'il leurs manquait ce petit condiment indispensable
              pour être au rythme de Dieu, condiment qui est un petit grain
              de folie, n'est-ce pas ! Ils étaient aussi, à cause
              de cela, trop sûrs d'eux-mêmes. Ils savaient très
              bien qu'ils possédaient la clef de la sagesse, la clef de
              la science, la clef du savoir ; et alors ils n'avaient plus
              rien à apprendre. Ils avaient la clef, lorsqu'ils avaient
              besoin de quelque chose ils pouvaient entrer, le prendre, l'utiliser.
              Ils possédaient tout !  Vous savez, là, c'est une race d'hommes qui n'est pas inconnue
              dans les monastères. Vous savez, les gens qui savent tout,
              qui possèdent la clef de tout, qui n'ont plus rien à apprendre.
              Il serait intéressant une fois d'en faire le portrait. C'est
              extraordinaire, c'est très beau ! Ou bien en faire
              le portrait après leur décès peut-être,
              ce qui serait encore beaucoup plus intéressant, on pourrait
              s'en donner à coeur joie ! C'étaient aussi des gens trop vertueux. Cela est un malheur,
              ces gens trop vertueux, car ils sont impitoyables. Je ne dis pas
              les gens vertueux, mais trop vertueux. L'excès nuit dans
              tout, même dans le domaine de la vertu. Ils sont impitoyables
              pour les autres, quand ils n'entrent pas dans leur catégorie
              de vertu, la leur naturellement qui est la norme de tout. Attention
              hein, ce n'est pas absent non plus dans les monastères !  Un exemple de gens trop vertueux, je ne veux pas parler d'ici,
              mais il est tiré de récits Biblique. Vous savez,
              ces gens se scandalisent vite. Pensez à cette histoire des épis
              froissés : Hé, tes disciples font quelque chose qui
              n'est pas permis le jour du Sabbat. Ils sont en train de froisser
              un épi ! Attention, ils n'ont pas assez de vertu pour
              nous ! Des gens trop raisonnables ! Un autre, c'est tout récent encore, lorsque cette femme
              veut verser sur la tête ou sur les pieds de Jésus
              un parfum d'un prix, hors prix ! Que disent les gens trop
              raisonnables ? « Mais enfin, c'est fou ça,
              on aurait dû le vendre, quelle affaire ! Qu'est-ce que ça
              n'aurait pas rapporté si ça avait été bien
              placé ? Pourquoi le gaspiller à des choses pareilles ? »  Ou encore : « Il fallait le donner à des pauvres,
              ils en ont plus besoin que les pieds de Jésus, allons ! » Voilà,
              vous voyez, des gens trop raisonnables ! Mais cette femme,
              elle avait ce grain de folie, et Jésus l'avait aussi et
              ils étaient, eux, en consonance, les autres pas. C'est cela,
              c'est qu'il manquai t aux Juifs ! Car ouvrons bien les yeux, surtout en ce moment de Pâques.
              Dieu lui-même comme il est Dieu, il n'a pas un petit grain
              mais un gros grain de folie, parce que Dieu d'abord est créateur.
              Or un créateur, il doit toujours être marqué à un
              endroit ou l'autre. Pourquoi ? Parce que la création est
              un jaillissement continu de nouveautés imprévisibles.
              Dieu, s'il est créateur, est un improvisateur et, ça
              veut dire ceci : Dieu, il crée .  Il ne va pas chercher un plan qui a été préétabli
              et qui se trouve dans ses archives, quelque part. Et puis il voit
              le plan, c'est bien construit, c'est raisonnable, c'est bien achevé,
              maintenant passons à l'exécution. Non ! ça ce n'est pas Dieu, ça c'était
              les Juifs, mais pas Dieu. Dieu lui, il ne sait pas ce qu'il va
              faire dans la seconde qui va suivre...il improvise et il le joue,
              et il le fait sortir et il le fait jaillir au fur et à mesure.
              Voilà, Dieu est créateur !  Alors c'est imprévisible, ça veut dire que pour
              les hommes qui, eux, sont entraînés dans cette création
              divine, il n'y a pas d'installation possible. On ne peut pas dire
              : « Ah, maintenant je suis tranquille, je sais ce qui
              va arriver. Ah non ! Il va arriver un imprévu parce
              que Dieu crée. Il va jaillir quelque chose qui n'était
              pas au programme.  C'est intéressant des spectacles sans programme, quand
              on le sait avant ça ne va plus, l'effet de surprise est émoussé,
              il n'y en a même plus d'ailleurs, on le sait bien, c'est
              du rejoué. Mais pour vivre avec un Dieu pareil, il faut être
              ouvert à toutes les surprises.  Et alors, Dieu avait rencontré sur sa route un homme qui
              lui s'était prêté à ce jeu divin, c'était
              le Père du peuple, c'était Abraham. Abraham, lui,
              ne savait pas, c'est bien dit. Il partait comme ça, sans
              savoir. Il ne savait qu'une seule chose, c'est qu'il était
              entraîné dans un jeu, dont le maître, le chorégraphe,
              le Chorègos , était le créateur lui-même.  Eh bien, lui, il y entrait non seulement de bon coeur, mais avec
              un certain enthousiasme. Dieu pouvait lui demander n'importe quoi.
              Et même à un moment donné Dieu lui dit : « Je
              te donne un gosse ». Eh bien, quelques années
              après, quand il est devenu déjà homme, « Eh
              bien maintenant, tu vas me le rendre ! »  Voilà, il le fait, mais au dernier moment, à la
              dernière seconde, il lui dit : « Non, non, non,
              non, voilà, nous changeons maintenant de décors,
              et c'est autre chose. Avec celui-là je m'en vais faire...
              Voilà, vous voyez, ça c'était Dieu, et Abraham
              jouait tout ça. Et en langage théologique maintenant, à notre niveau,
              c'est ça qui s'appelle la Foi . Et c'est
              la raison pour laquelle, aujourd'hui encore, nous qui sommes ici,
              nous sommes entraînés dans ce grand drame, dans ce
              grand spectacle qui a été mis en route par Dieu avec
              son premier acteur qui était Abraham. Et nous maintenant,
              nous entrons dans son sillage, nous entrons dans son rythme et
              nous devons suivre. Revoyez un peu ici tout le raisonnement que tient Saint Paul lorsqu'il
              dit : « Les véritables Israélites, mais
              ce sont ceux qui entrent dans le jeu avec leur Père Abraham.
              Ce ne sont pas ceux qui se réclament de lui, d'une ascendance
              charnelle sans le suivre dans ce jeu. Voilà ! Mais
              pour entrer dans ce jeu, il faut être comme Abraham un peu
              piqué de folie quelque part !  Et c'est ça qui manquait à ces juifs trop raisonnables,
              trop sages. Trop de sagesse nuit aussi. Je parle sagesse non pas
              dans le sens de la Sagesse, vous savez, la Grande Sagesse, non,
              sage comme on dit : un enfant sage. Alors je disais tantôt que Dieu était frappé d'une
              grosse part de folie, pas d'un petit grain. Petit, c'est à l'échelle
              de l'homme, mais pour Dieu c'est à l'échelle à lui.
              Et voilà un exemple : c'est que Dieu se contredit tout le
              temps. Il dit oui aujourd'hui, puis il dira non demain ; non,
              pour nous, mais pour lui c'est toujours oui !  Dieu à un moment donné décide de se faire
              homme. Or c'est ce même Dieu dont on ne peut pas s'approcher,
              on ne peut pas le regarder, on ne peut même pas prononcer
              son nom, on ne peut faire de lui aucune image taillée, aucune
              reproduction, rien, rien. Et voilà que du jour au lendemain
              il se fait homme comme n'importe lequel ; il se laisse toucher,
              il se laisse élever, il se laisse enseigner. Et voilà,
              c'est un homme comme un autre.  Mais ça, c'est exactement le contraire de tout ce que Dieu
              a toujours dit et fait jusqu'alors ! Allez un peu entrer dans
              un jeu pareil ! Et alors ce Dieu là, scandale, il prend
              le parti des pécheurs ! Et ça, c'est tout à fait en contradiction !
              Lui, le Dieu terrible : on ne peut pas y toucher à ce
              Dieu et de suite la vengeance, le châtiment est là.
              Mais non, c'est fini tout ça, maintenant il est l'ami des
              pécheurs, des receveurs des contributions qui à l'époque étaient
              le modèle du pécheur. Qui encore ? les filles perdues,
              les femmes qui n'y regardent pas de trop près, des pauvres
              types qu'il ramasse le long de la rue. Et voilà, il va manger
              avec eux et ils sont leur ami. Il est l'ami des pécheurs.  On va dire : « Oui, mais ils ne restent pas pécheurs.
              Oui, c'est vrai, ils ne restent pas pécheurs, mais enfin
              s'ils ne le sont plus, ils l'ont été et, ils pourraient
              tout de même bien le redevenir. Il est l'ami des pécheurs !  Et alors, il fait sauter tous les cadres et toutes les conventions
              saintes que lui-même a édictées, entre autre
              la règle du repos du Sabbat. Naturellement ses fidèles
              irréprochables, eux, ils ont tellement bien précisé le
              Sabbat que c'est à peine si on ose encore respirer un jour
              de Sabbat. Oui, mais enfin lui il fait sauter tout cela. Vous voyez
              cette folie de Dieu ! Et alors il faut, pour comprendre le Christ qui est Dieu, il faut
              entrer, il faut être piqué un peu de cette folie.
              Il y en a un qui est une référence pour cela et un
              modèle pour toujours: c'est l'Apôtre Paul. Hier à la
              lecture des Vêpres, dans l'Epître au Corinthiens, on
              n1a fait que de parler de cela et de dire : « Mais
              enfin, cette folie de Dieu, mais elle est plus sage que toute la
              sagesse des hommes » . Il a dit : « Mais
              si vous voulez devenir sage, vraiment sage, mais enfin devenez
              fou selon Dieu »  ; et alors vous serez
              en consonance avec Dieu, vous serez en sympathie avec lui, vous
              marcherez à son rythme, vous comprendrez le Christ et vous
              l'accueillerez. Vous voyez, mes frères, si les Juifs pour leur malheur
              n'ont pas accueilli le Christ, et non seulement ils ne l'ont pas
              accueilli mais ils l'ont condamné et ils l'ont tué,
              c'est tout bonnement parce que le Christ était un fou  !
              Et c'est bien ainsi !  Vous devez vous en souvenir, lorsque le Christ a comparu devant
              un juge Juif, c'est à dire Hérode, Pilate le lui
              avait envoyé, et Hérode l'a tout simplement revêtu
              de la d6froque d'un fou pour l'envoyer à Pilate. C'était
              un signe très expressif de dire : « Celui-là,
              il doit être écarté, il doit être mis
              hors circuit, il doit être rendu inoffensif en le supprimant
              car il n'est pas digne de vivre. Il fait injure à Dieu,
              il fait injure au peuple, il fait injure à l' humanité, à tout
              le monde. » Eh bien voilà, si nous voulons, nous, ne pas tomber un
              jour dans le piège de ces Juifs très pieux, et un
              jour ou l'autre ne pas non plus condamner et tuer le Christ dans
              un de nos frères, ce qui est toujours possible, eh bien,
              nous devons nous aussi être piqué de ce grain de folie
              qui nous rend alors conforme au Christ, qui nous rend en sympathie,
              en harmonie avec Dieu et qui nous permet d'accueillir tout l'imprévisible.
              Imprévisible qui ne l'oublions pas, est un imprévisible
              qui jaillit de l'Amour. L'Amour ne se répète jamais,
              l'Amour est toujours neuf ! Et alors, pour entrer dans ce grand jeu, ce grand spectacle, cette
              grande danse de l'Amour, et bien nous devons nous aussi être
              amoureux dans notre coeur. Et vous savez que l'amour, comme on
              dit, c'est la folie suprême. Et puissions-nous en cette période
              de Pâques en être tous frappé : non pas
              un petit grain, mais un gros n'est-ce pas !    JEUDI-SAINT Pas d'enregistrement...  
 VENDREDI-SAINT.  Homélie de l'Office de la Passion. Mes frères, Si nous voulons être sauvés de la mort, si nous voulons échapper à ses
              griffes même après qu'elle nous aura engloutis et
              qu'elle paraîtra définitivement victorieuse, nous
              devons à l'exemple du Christ nous soumettre en tout à notre
              Père, qui seul connaît le sentier par lequel il nous
              fera passer, afin d'échapper à cette dévoreuse
              qu'est la mort.  Mais nous devrons aussi, au préalable, recueillir en nous
              le cri lancé par le Christ. Le moine doit être la
              gorge, les lèvres, la langue des hommes qui ne veulent pas
              mourir. Il doit en être le coeur, ce coeur qui se révolte
              contre l'absurdité de la mort. Et le Christ, mes frères, c'est Dieu ayant voulu expérimenter
              dans une chair d'homme ce qu'est la mort, et la mort dans toute
              son horreur. Maintenant, nous savons que Dieu peut nous comprendre.
              Il a vécu lui-même tout ce qui se passe dans l'homme
              qui doit mourir, dans l'homme qui souffre, dans l 'homme qui refuse.  Il a vécu tout ce qui vient avant la mort : les lâchetés,
              les trahisons, les compromissions, les égoïsmes, les
              haines, la cruauté, tout , les milles et
              milles formes du péché. Il a vécu aussi tout
              ce qui accompagne la mort et tout ce qui la suit : les séparations,
              les abandons, l'impuissance, l'anéantisation de l'être,
              le vide, et aussi toutes les autres formes de mort, tous les désespoirs
              sans issues et sans amour. Déjà le prophète avait pressenti qu'un homme
              devrait un jour récapituler dans son être tout le
              négatif de l 'humanité. Et cet homme, ce fut le Verbe
              de Dieu incarné. Jamais on aurait oser imaginer une révélation
              pareille ; et cela met en notre coeur un tourment aujourd'hui,
              si nous avons une âme noble s'entend, pas si nous sommes
              des êtres vulgaires. Les êtres vulgaires aiment de
              voir souffrir les autres et de les faire souffrir. Mes frères, il y a en nous un tourment, le tourment d'avoir
              aggravé le fardeau de cet homme. Et aussi un autre tourment,
              le désir, le besoin d'alléger la charge qui pèse
              encore aujourd'hui sur lui. Et cela nous le pouvons ! Nous
              le pouvons, si nous lui permettons de vivre un peu en nous la mission
              qu'il doit poursuivre ainsi à travers les hommes jusqu'au
              moment où tout sera parfaitement accompli.  Et cela nous le ferons, mes frères, si nous affrontons
              le mal, la souffrance, si nous l'affrontons dans la personne des
              autres, dans la personne de nos frères, et cela sans céder à l'amertume,
              mais en absorbant tout ce mal dans le feu dévorant d'un
              amour ; de l'amour qui le possédait lui, Jésus,
              et qui maintenant essaye de nous habiter ; un amour qui nous
              saisit, qui nous brûle et qui voudrait faire de nous des
              torches qui absorberaient, qui détruiraient tout le mal. Oui mes frères, le moine doit être ainsi feu, et
              il doit être cri ; il doit être prière
              et il doit être amour. Et il doit recevoir, recueillir dans
              ses mains le souffle, tous les souffles de vie : le sien,
              celui des hommes, celui de ses proches, celui de ses frères ;
              et les confier à la main de celui qui seul peut les délivrer
              de la mort parce que son nom est Amour.  Il y a une incompatibilité absolue entre l'amour et la
              mort. Si Dieu est Amour, il ne peut pas permettre que nous soyons
              définitivement absorbés, digérés plutôt,
              par cette monstruosité qu'est la mort. Mes frères, nous le savons Dieu est Amour. Et si nous déposons
              dans sa main notre vie, même si biologiquement nous serons
              malgré tout détruit par uns sorte de fatalité liée à notre
              nature, la nature matérielle et charnelle, nous savons que
              ce souffle nous sera rendu mais animé cette fois par le
              propre Esprit de Dieu ; nous permettant alors dans un corps
              neuf, spiritualisé, de partager pleinement la vie de Dieu
              dans le Royaume qu'il nous a préparés, et où déjà le
              Christ nous a précédé pour nous préparer
              une place.     Office du soir. Mes frères, Au stade d'avancement où se trouve notre
              célébration liturgique, nous sommes arrivés à l'endroit
              dont il est dit que Jésus est descendu aux enfers, pour
              reprendre l'expression de notre Credo. Mais qu'est-ce que cela
              veut bien vouloir dire ?  Ce n'est pas facile à expliquer et ce n'est pas facile à comprendre.
              Nous sommes introduits au coeur du mystère le plus profond,
              peut-être, de l'aventure du Christ : cette descente aux enfers. Nous pouvons dire à première vue, ainsi, que le
              Christ partage tout bonnement la condition de tous les hommes.
              Et c'est vrai, l'incarnation n'eut pas été achevée,
              elle eut été une illusion si le Christ au moment
              de son décès, de sa mort, n'était pas entré comme
              les autres hommes dans un état d'anéantissement total.  Le Christ n'existe plus ! Il y a dans ce tombeau un tas,
              une chose, ce n'est plus une personne ; il est réduit à l'impuissance
              absolue, il est néantisé. Mais, comme le Christ est
              la personne même du Verbe de Dieu, on peut dire que Dieu
              est mort ; plus précisément qu'un état
              de mort a été introduit au coeur de la Divinité.
              Et nous sommes alors en plein mystère, Nous devons prendre garde, ici, de ne pas laisser courir notre
              imagination affabulatrice, et de projeter sur la personne du Christ
              nos rêverie, nos illusions, nos évasions, nos fausses
              espérances, et de voir le Christ, ou une partie du Christ,
              ou un esprit qui serait le Christ en train de déambuler
              dans des enfers, allant souhaiter et encourager d'autres esprits
              qui seraient, là, enfermés.  Pourtant, si les choses se passaient ainsi, le Christ ne devrait
              pas ressusciter d'entre les morts, il aurait accompli sa mission.
              Mais non, il est homme. Nous devons, pour pénétrer un tout petit peu, pour
              effleurer correctement le mystère, car y pénétrer
              n'est presque pas possible, nous devons nous référer
              uniquement à notre foi. Or la foi, comme vous le savez,
              est obscure. Elle est une percée dans la nuit, elle est
              une lueur qui nous permet d'appréhender un peu cet univers
              du Divin qui nous est naturellement étranger.  Or, le Christ au moment de mourir, d'après l'Evangile de
              Saint Luc, a prononcé une parole qui est une des plus extraordinaire
              qu'il ait prononcée de toute son existence. Il l'a empruntée
              au Psaume et il dit :  « Père, dans
              ta main je dépose mon souffle. » C'est une parole dont la hauteur, la profondeur, la longueur et
              la largeur ne sauraient être exploré par un esprit
              humain, et elle renferme à elle toute seule tout le mystère
              du Christ, tout le mystère de la création, le mystère
              de Dieu, le mystère de notre Rédemption et aussi
              tout notre avenir à nous. Et c'est sur elle que nous pouvons
              nous reposer pour comprendre un peu, un tout petit peu, ce que
              signifie cette descente aux enfers à laquelle le Christ
              s'est soumis. Le Christ confie à son Père son esprit. Son esprit,
              c'est la ruah,  c'est donc le souffle que Dieu a insufflé dans
              les narines de l'homme au moment où il l'a créé.
              Et dès ce moment, l'homme est devenu une respiration de
              vie. Ce souffle n'appartient pas en propre à l'homme, il
              vient de Dieu, mais il est donné à l'homme :
              c'est un cadeau !  Et par ce souffle, l'homme participe déjà d'une
              certaine manière, certaine et bien réelle déjà à la
              nature Divine. Ce n'est pas encore la nature Divine proprement
              elle, mais c'est quelque chose qui le rend déjà semblable à Dieu
              par une certaine participation qui vient du fait que ce souffle
              provient lui-même de ce Dieu. Et voilà que ce souffle
              qui anime, qui fait vivre le Christ Jésus, celui-ci le dépose
              dans la main de son Père. Or la main de Dieu, c'est sa toute puissance amoureuse. Et cette
              puissance, elle est double. D'abord parce qu'elle est puissante,
              une tautologie. Personne ne peut rien arracher à la main
              de Dieu, personne ! Dès qu'un dépôt lui
              est confiée, ce dépôt est en parfaite sécurité.
              Et, sécurité double du fait qu'il est confié à l'Amour, à cet
              Etre qui ne peut que rendre au centuple ce qu'on lui a confié une
              fois.  Lorsque le Christ présente des paraboles où on voit
              un maître de maison confié à ses esclaves un
              talent, deux talents, dix talents, suivant les capacités
              de chacun, que voit-on après lorsqu'il demande des comptes?
              Un lui rapporte le double, un autre le double et un rien du tout ! Le Christ, là, va chercher son point de référence,
              son point de comparaison chez son Père. Car, si à son
              Père, on confie un simple souffle, qu'on a d'ailleurs reçu
              déjà, au moment où le Père va le restituer,
              ce ne sera pas au simple mais ce sera, si je puis m'exprimer ainsi,
              ce sera avec des intérêts, ce sera au double, au quintuple,
              au décuple, au centuple. Car, dès ce moment, le souffle
              sera animé lui-même par un autre souffle qui sera
              l'Esprit propre de Dieu.  Et dès ce moment là, l'homme est parfaitement divinisé et
              il entre par une nouvelle respiration, par un nouvel oxygène
              qui n'est plus notre oxygène mais un oxygène Divin.
              Et cet oxygène Divin fait que son souffle, maintenant, est
              une respiration Divine et n'est plus une simple respiration humaine.
              Alors on comprend que le Christ dépose dans la main de son
              Père son souffle, et il l'y dépose. Le terme qu'il
              utilise signifie mettre en dépôt, confier pour retirer
              après, c'est à dire pour le recevoir en retour pour être
              restitué. Voyez donc ce que fait le Christ ! A ce moment là ,
              dit l'Evangile, il expire . Cela veut dire que
              son souffle s'en va, et qu'il va se reposer dans la main de son
              Père, qui lui le met de côté. Mais le Christ,
              dès ce moment là, sait déjà qu'il va
              ressusciter des mort, car le souffle qu'il a confié et qui
              est dans la main du Père, il lui sera rendu, mais alors
              dans la plénitude de la vie Divine.  Mais on va dire : « Oui, mais le Christ était
              déjà le Verbe de Dieu ! » C'est vrai,
              il est le Verbe de Dieu, mais il est aussi, ne l'oublions pas le
              péché, c'est à dire qu'il porte en lui tous
              les crimes, tous les refus des hommes, tous les anti-Dieu des hommes.  La mort, mes frères, nous apparaît maintenant, lorsque
              nous la voyons ainsi à travers le Christ, pour ce qu'elle
              est vraiment. Elle n'est pas le contraire de la vie, elle est d'abord
              le contraire ou le contradictoire de l'Amour et de Dieu lui-même.
              Et, étant le contraire de Dieu et de l'Amour, elle est alors
              le contraire de la VIE. C'est la raison pour laquelle les Ecrits
              Bibliques dès le début, et puis surtout alors le
              Christ et ses successeurs les Apôtres ont toujours lié la
              mort au péché.  N'allons pas maintenant encore une fois nous lancer dans toutes
              sortes de suppositions et dire : « Oui mais, si l'homme
              n'avait pas péché, que serait-il arrivé ? » Eh
              bien il serait mort quoi, mais n'allons pas imaginer comment !  Il y a une mort qui est liée à son état biologique,
              physiologique comme tel. Mais il y a aussi à l'intérieur
              de cette mort une autre mort, et c'est celle-là qui devait être
              exterminée, qui devait être annihilée. Mais
              pour l'annihiler, il fallait que le Christ introduisit à l'intérieur
              de la Divinité cette annihilation. Et c'est là que
              se présente le nœud du mystère ! Voici donc le Christ, qui est ne l'oublions pas la Personne du
              Verbe, qui entre dans un état qui n'est même plus
              un état, car ce n'est rien ; il est néantisé,
              il est mort.  Et comme il s'agit ici de Dieu lui-même qui à l'intérieur
              de son être personnel introduit volontairement comme une
              rupture, c'est à dire une sorte de lieu où Dieu n'est
              pas - car la mort, c'est le lieu où Dieu est totalement
              absent, et étant absent il y a là une sorte d'anti-Dieu
              - Dieu introduit donc à l'intérieur de son être
              comme une contradiction. Il partage donc le sort de l'homme qui
              se condamne à être séparé de Dieu toujours.  A ce moment, Dieu se solidarise dans la personne du Christ mort
              de tous les damnés, c'est à dire de tous les condamnés,
              de tous ceux qui doivent subir les conséquences du péché.
              Mais cette solidarité, elle se produit une fois et elle
              est achevée en une fois, mais elle va jouer toujours c'est à dire
              qu'elle va continuer à jouer dès l'instant où le
              Christ, par l'intervention de son Père qui va lui restituer
              le souffle qu'il a reçu de sa main, va revenir à la
              vie.  Et dès cet instant là, tous les hommes dont il s'est
              rendu solidaire jusqu'à dans l'anéantissement, tous
              les hommes vont avec lui revenir à 1a vie et, les voilà sauvés ! C'est l'acte que Dieu ne pouvait pas poser s'il n'avait pas été Amour
              car c'est totalement inimaginable pour un homme de pousser les
              choses si loin. C'est à dire encore une fois, c'est pour
              Dieu dans son être Divin vraiment presque s'anéantir
              en tant que Dieu, pour à partir de là entrer dans
              ce lieu où il n'y a plus rien de Lui ; donc pour se
              rendre solidaire à une profondeur encore infiniment plus
              profonde, que n'importe quel homme, que tous les hommes ensemble,
              que tous les crimes des hommes ne sauraient pas atteindre, pour
              se rendre solidaire de tout cela et à partir de ce moment,
              récapituler tout en lui et rendre la vie lorsqu'il ressuscite à l'humanité entière. Voilà mes frères ce que nous pouvons peut-être
              essayer de saisir, mais combien imparfaitement, de ce qu'est cette
              descente aux enfers pour le Christ qui, ne l'oublions damais, est
              le Verbe de Dieu.  Et pour nous maintenant ? Eh bien, c'est dans cette perspective
              que nous devons voir venir notre mort. Car, ne nous faisons pas
              d'illusions, nous allons bientôt mourir. Qu'est-ce que cela
              peut faire quelques années de plus ou de moins à l'échelle
              de la durée du cosmos...c'est demain, c'est bientôt ! Parmi nous, ici, il y en a peut-être qui ne seront déjà plus
              là l'année prochaine ? Voyons les choses froidement,
              n'ayons pas peur ! Encore une fois, la meilleure chose à faire,
              c'est de prendre son souffle et de le confier.  Mais cela  signifie ceci, ce que l'auteur de
              l'Epître aux Hébreux nous a dit aujourd'hui encore
              : Le Christ , dit-il, a été écouté dans
              son appel pour être justement sauvé de cette mort
              grâce à sa SOUMISSION en TOUT . Cela veut
              dire qu'il y a une sorte de contrat tacite, de convention tacite
              ou de complicité - voyez là dans le sens étymologique
              du mot - qui se noue entre Dieu et l'homme.  Le Christ, lui, au moment de mourir dit : « Tout
                est achevé !   C'est consommé,
                c'est achevé, c'est accompli. Tout ce que toi, mon Père,
                tu m'as demandé de réaliser, je l'ai achevé.
                Je n'ai pas manqué une seule de tes paroles ; d'ailleurs
                je suis Ta Parole, même dans mon être d ' homme ». Eh bien, c'est à cause de cela que Dieu ne pouvait rien
              lui refuser non plus, donc il ne pouvait pas lui refuser son retour à la
              vie. C'est à dire sa résurrection plutôt, pas
              un simple retour à la vie, car le Christ ne sera plus après
              comme il était avant. Maintenant c'est fini, nous ne le
              connaîtrons plus corporellement, ce n'est plus possible.  Il n'est possible, maintenant, de le voir qu'avec les yeux de
              la foi, ou bien, avec le regard déjà transfiguré,
              divinisé, du contemplatif qui étant purifié peut
              le voir, mais dans son être de ressuscité et de Fils
              de Dieu, brillant, éclatant de gloire. Dieu, son Père, était
              en quelque sorte obligé de lui conférer cet état
              nouveau de résurrection parce que le Christ ne lui avait
              rien refusé. Eh bien pour nous, dans la mesure où nous obéissons,
              nous préparons notre résurrection. L'homme qui ressuscite
              de suite, c'est un homme qui obéit. Celui qui n'obéit
              pas, eh bien il freine sa résurrection, il la retarde !  Et c'est pour ça que nos premiers Pères, les tous
              premiers du monachisme, parlaient d'un état de pré-résurrection.
              C'est à dire qu'un homme avant de mourir biologiquement,
              vit déjà sa propre résurrection, si bien qu'il
              n'y a presque pas de transitus , de passage de l'un à l'autre.
              Il vit une Pâque au moment de sa mort, mais c'est la véritable
              Pâques ! Voilà, mes frères, ce que nous pouvons peut-être
              retenir pour passer notre journée de demain, cette journée
              du Samedi-Saint sur laquelle aujourd'hui les Spirituels et les
              théologiens s'attardent de plus en plus. Car c'est dans
              cette journée que se réalise vraiment, que se réifie,
              que se concrétise quasi matériellement le mystère
              le plus grand de notre révélation, celui de l'Incarnation
              du Verbe venu pour sauver, pour transfigurer, pour introduire à l'intérieur
              du Royaume, à l'intérieur de sa propre vie, chez
              Dieu lui-même, toute l'humanité dont nous sommes. 
 LA VEILLEE PASCALE.  Homélie. Mes frères, Le sommet de notre vie, à savoir notre résurrection
              d'entre les morts se trouve en avant de nous dans un avenir, un
              futur imprévisible. Mais il se trouve aussi en arrière
              de nous car déjà nous sommes ressuscités avec
              le Christ et en lui. Cette nuit, nous sommes réunis pour
              vivre ensemble ce mystère de notre résurrection en
              voie d'accomplissement. Chaque dimanche nous allons le revivre,
              chaque Eucharistie va le reconstituer sous nos yeux et en notre
              coeur. Et le moine, c'est un chrétien qui s'efforce de vivre à tout
              instant sa propre résurrection. C'est là qu'il trouve
              son équilibre, qu'il trouve sa libération, qu'il
              trouve son épanouissement. Mais sur cette route qui le conduit
              vers la plénitude de sa vie en Christ, il traverse des moments
              extrêmement durs, car sa vie comme celle de tout homme comporte
              une double face : une face de ténèbres et une face
              de lumière. Et, sans cesse écartelé entre
              les deux, il s'avance.  Son être est partagé entre deux univers qui s'y disputent
              la place. D'abord l'égoïsme, l'autosatisfaction, l'autoexaltation,
              l'autolâtrie, toutes les formes d'autisme, moi, rien que
              moi, toujours moi ! Et le palais se trouve tapissé d'une
              saveur de mort : insatisfaction, amertume, agressivité.  Mais il y a aussi en lui l'amour, l'altruisme, l'ouverture, l'oubli
              de soi ; me recevoir de l'autre , me recevoir de Dieu, me
              recevoir de mon frère, et puis me restituer à lui
              tel que je suis, tel qu'il m'a fait. Je suis son bien. Et cela
              dégage un parfum de vie : rafraîchissement, jeunesse,
              paix sécurisante. Mes frères, sans cesse tiraillée entre ces deux
              univers, notre vie est ainsi traversée par un grand cri,
              un cri d'angoisse et de peur, mais aussi un cri d'appel et d'espérance.
              Et tous ces cris de tous les hommes, ils se sont trouvés
              fondus dans le cri que Jésus, l'homme-Dieu, a lancé au
              moment où il expirait. Mais dans ce cri, il déposait
              dans la main de son Père son souffle. Et il savait que ce
              souffle lui serait rendu régénéré,
              transfiguré. Et son cri était déjà un
              cri de victoire et de joie, n'est-ce pas ! Mes frères, il existe une nuit, et Jésus le savait,
              il existe une nuit qui est plus opaque que la nuit du péché,
              de l'illusion, de la désespérance ; et cette
              nuit, c'est la nuit de l'éblouissement. Cet éblouissement
              est créé par une lumière d'un éclat
              insoutenable, c'est la lumière qui a vu la résurrection
              du Christ, c'est celle qui voit notre propre résurrection.
              Et cette lumière insoutenable, elle peut être supportée
              malgré tout par un œil, l'œil divinisé de l'homme
              qui a déjà franchi la triple muraille, la muraille
              de la peur, la muraille de la frustration, la muraille de la lassitude
              et, qui ainsi, s'est échappé des liens de la mort.
              Il les a définitivement brisés.  La face de ténèbres qui était en lui, elle
              s'est évanouie. Les ténèbres environnantes
              ne peuvent plus rien contre lui, car cette lumière le revêt
              d'un manteau imperméable, d'un manteau indestructible, d'un
              manteau qui est une nuit pour celui qui n'est pas à l'intérieur
              de ce manteau. Les ténèbres ne peuvent plus l'atteindre
              car il est devenu invisible à tous, sauf aux regards de
              son Père.  Mes frères, la source de cette lumière, cette lumière
              même, c'est le Christ ressuscité et vivant, lui qui
              a dit : « Je suis la Lumière du monde » ,
              lui, encore une fois, que peut seul regarder l'œil d'un coeur tout à fait
              purifié. Mes frères, s'il nous a appelés à la vie
              chrétienne, s'il nous a appelés à la vie consacrée,
              s'il nous a appelés dans ce désert de Saint Remy,
              c'est pour nous accorder cette faveur de pouvoir un jour le regarder,
              de pouvoir être en lui et par lui lumière .
              Il veut faire de nous des astres qui brillent au firmament du monde,
              au firmament de cette nuit, de ces ténèbres à travers
              lesquels les hommes péniblement naviguent vers ce port auquel
              Dieu les appelle. Mes frères, au coeur de cette nuit prenons bien conscience
              de l'appel qui est le nôtre. Nous ne pouvons pas décevoir
              les espoirs que Dieu, les espoirs que le Christ a déposés
              sur chacun d'entre nous. Nous rendrons compte de ce que nous avons
              reçu, nous rendrons compte de ce que nous avons négligé.
              Comme le dit l'Apôtre : « Ne négligeons
              pas un tel salut »  .  Car de notre réussite, permettez-moi d'employer ce mot,
              de notre réussite et de notre victoire, ou plutôt,
              de la réussite et de la victoire du Christ et de son Esprit
              en nous dépend l'achèvement de cette œuvre extraordinaire
              qui est sortie de son coeur, qui est la création, qui est
              la transfiguration, qui est la transformation de l'univers entier. Mes frères, soyons heureux cette nuit, soyons heureux tous
              les jours de notre vie. Et par nous, que les hommes dans le monde
              : ceux qui souffrent, ceux qui ne voient pas, ceux qui ne connaissent
              pas, ceux qui ne croient plus, ceux qui s'ouvrent, ceux qui désespèrent,
              qu'ils soient tous dans notre coeur et que tous ainsi participent à la
              lumière qui déjà nous habite et qui un jour,
              je l'espère, s'emparera de nous tout entier. Amen.     Monition à la
              liturgie baptismale. Mes frères, Nous savons que le Christ, cette lumière qui nous protège
              même à notre insu, est ici présent parmi nous.
              Oh, si nos regards pouvaient s'ouvrir et le voir, nous serions
              en un instant transformé à jamais. Mais il n'est
              pas seul ici, il n'est jamais seul, le Christ. Il y a avec lui,
              sa mère ; il y a avec lui, tous les anges ; et
              il y a une multitude de saints. Ils sont tous ici.  Vous voyez, le ciel ce n'est pas un endroit clos. Là où quelqu'un
              est divinisé, là il est partout, n'est-ce pas. Il
              est ici, et alors lui et tous ceux là connaissent notre
              faiblesse. S'il a voulu revêtir notre chair, c'est pour savoir à quel
              point il est dur d'être un homme. Mes frères, nous
              allons maintenant l'invoquer, lui, les anges, les saints et surtout
              sa mère. Nous allons les invoquer pour qu'ils nous soutiennent
              dans notre marche vers son Royaume. 
 DIMANCHE DE LA
              RESURRECTION.  Introduction à la célébration. Mes frères, Cette nuit, nous avons mangé la Pâque du Seigneur
              et cette solennité doit s'étendre sur une semaine
              entière. Nous devons sans cesse y revenir, sans cesse nous
              y replonger, car nous sommes tellement fragiles, nous sommes si
              vulnérables, si facilement perturbés, souillés,
              salis. Nous avons toujours et encore toujours besoin d'indulgence,
              de miséricorde, de pardon.     Homélie. Mes frères, Le Christ est ressuscité d'entre les morts et nous ressuscitons
              avec lui. Il y a dans le récit Evangélique que nous
              venons d'entendre une notation troublante qui serait peut-être
              l'occasion pour nous de procéder à un examen de conscience.
              Il est dit que les disciples n'avaient pas vu que Jésus
              devait ressusciter d'entre les morts. Et pour nous, mes frères,
              quel intérêt portons-nous à la résurrection
              des morts ? Nous pouvons nous le demander, au moment où nous célébrons
              cette résurrection du Christ et la nôtre. Eh bien,
              sincèrement, franchement, nous devons bien avouer que notre
              intérêt quant à la résurrection de la
              chair, est nul, ou à peu près.  Nous ne croyons pas réellement à la résurrection
              d'entre les morts. Nous nous contentons d'une survie spirituelle.
              Le corps nous apparaît comme quelque chose de superfétatoire,
              d'inutile, une enveloppe que l'on doit déposer un jour,
              qui va nous rendre léger, qui va nous rendre pur esprit
              et qui va nous permettre alors de nous envoler là où Dieu
              nous attend, nous envoler en Dieu.  Mais quant à savoir que nous devons ressusciter avec notre
              corps, eh bien, ça présente un intérêt
              minime. Soyons sincères et reconnaissons-le ! Il suffit
              d'entendre les réflexions qui jaillissent ainsi de la bouche
              des chrétiens, de la nôtre parfois ! Eh bien, dans ces conditions là, nous ne sommes pas chrétiens
              du tout. Oui, nous avons certainement un vernis, une teinture d'éthique,
              de civilisation chrétienne, mais dans le fond nous ne sommes
              pas encore convertis. Nous sommes toujours des païens.  Or, vous le savez, pour les païens, la résurrection
              d'entre les morts, c'est de la foutaise, c'est quelque chose d'absolument
              impossible, ou bien c'est quelque chose dont on ne parle pas parce
              que cela ne leur vient même pas à l'idée.  Et pour nous consoler, je rappelle ce que le récit Evangélique
              vient de nous dire : Les apôtres eux-mêmes
              ne savaient pas, n'avaient pas encore compris que Jésus
              devais ressusciter d'entre les morts . C'est une consolation
              pour nous, n'allons pas nous imaginer que nous sommes meilleurs
              qu'eux ! Or, mes frères, la Bonne Nouvelle c'est ceci : il
              n'y a qu'une seule Bonne Nouvelle, il n'y en a pas deux, et c'est
              sur cette Bonne Nouvelle que toute notre vie, que tout le christianisme
              est construit.  Cette Bonne Nouvelle, c'est que Jésus le Christ est ressuscité d'entre
              les morts dans sa chair . Or, s'il est ressuscité,
              la mort est vaincue . Et si la mort est vaincue,
              le Royaume de Dieu est déjà parmi nous. Et si le
              Royaume de Dieu est arrivé, alors la Vie Eternelle est à notre
              porte ; mais la Vie Eternelle, non pas dans un être éthéré,
              fantomatique, non , mais la Vie Eternelle dans
              notre corps, mais notre corps transfiguré, notre corps divinisé. Le chrétien, c'est quelqu'un qui vit de cette Bonne Nouvelle.
              Cette Bonne Nouvelle est le moteur de son agir, et c'est ainsi
              que le chrétien est une créature autre .
              Il n'est pas différent des hommes, mais il est autre, c'est à dire
              que son action se déploie au niveau des hommes, au niveau
              du monde comme celle de n'importe quel autre citoyen de cette terre.
              Mais son inspiration vient d'ailleurs, son inspiration vient de
              ce Royaume qui est déjà présent et de ce Christ
              qui est ressuscité dans la chair, et qui travaille notre
              propre chair, et qui la prépare déjà maintenant
              pour la résurrection qui sera sienne un jour.  Et dans ces conditions, il n'est possible d'être vraiment
              chrétien que si on est pénétré jusqu'au
              fond du coeur par cette foi dans la résurrection des morts
              et dans ce besoin de la résurrection de la chair. Mais pour
              cela mes frères, pour être pénétré ainsi
              il faut aimer. Voyez ce qui se passe encore dans ce récit. L'amour donne
              un pouvoir d'intuition qui se moque éperdument de toutes
              les lenteurs et de tous les détours des raisonnements. Il
              va directement là où se trouve le but, là où il
              est attendu, là où il est attiré. Pour lui,
              il n'y a pas d'atermoiement, c'est immédiat.  Ce disciple que Jésus aimait et qui de son côté aimait
              aussi passionnément Jésus, il arrive, il se trouve
              devant un tombeau vide. Il ne commence pas à réfléchir
              et à construire toutes sortes de raisonnements pour bien
              trouver l'explication de ce tombeau vide. Non, mais immédiatement
              , il voit  et il croit . C'est
              le même acte ! Mais pourquoi cela ?  Mais c'est parce que son coeur aimant qui battait à l'intérieur
              du coeur du Christ, lui a dit tout de suite : mais il est vivant ,
              il est ressuscité. Voilà, mes frères, la clef pour croire effectivement à la
              résurrection des morts à partir de la résurrection
              du Christ. Il faut que notre coeur vive à l'intérieur
              du coeur du Christ. Il faut que le coeur du Christ anime le nôtre.
              Il doit se produire un mystérieux échange que les
              spirituels connaissent bien, cet échange des cœurs, les
              cœurs qui s'interpénètrent. Il n'y en a plus deux,
              il n'y en a plus qu' un , l'amour fait un .  Et à ce moment, il n'y a plus aucun doute, le Christ est
              vivant dans sa chair et moi qui suis aimé par lui, je vivrai
              aussi dans ma chair, toujours, même si je dois passer par
              cet étroit tunnel momentané que nous appelons la
              mort. Mes frères, la résurrection de la chair, c'est vrai ! ,
              et la victoire d'un Amour au delà duquel rien de plus grand,
              rien de plus beau ne peut être conçu ou imaginé.
              Et alors, si nous ressuscitons dans le Christ maintenant, si cette
              résurrection déjà à cette heure-ci
              se prépare en nous, dans notre chair, dans nos cellules, à ce
              moment, il faut que cet amour nous habite et qu'il nous transfigure
              insensiblement en ce qu'il est, lui, c'est à dire un foyer
              de lumière. Mes frères, en conclusion de cette semaine que nous venons
              de vivre, cette semaine qui s'est clôturée et qui
              s'est épanouie vraiment comme une fleur en ce soleil de
              printemps, épanouie en cette résurrection du Christ
              prélude de la nôtre, nous pouvons alors retenir ceci
              :  Essayer de devenir, nous qui sommes des chrétiens, de devenir
              des lumières, et de porter partout où nous sommes,
              dans tous nos lieux de travail, partout où nous passons,
              de porter donc cette lumière et répandre alors ce
              parfum du Christ, la bonne odeur du Christ comme disait Saint Paul,
              du Christ vivant , du Christ ressuscité ,
              qui nous attend chez lui, qui nous prépare une place, qui
              est ici présent au cours de notre assemblée, et qui
              nous revêt pour que nous puissions remplir, rendre ce témoignage
              qui nous revêt d'Amour, de force et de paix.     Amen.     |