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Version 1.02 - Juin 2017

 

Le Vipassana et les cadavres

Ce texte fait partie d'une série d'articles consacrés à la description de la méditation pratiquée dans le Bouddhisme Théravada. Le premier article (présentation générale du Vipassana) est conseillé avant d'aborder cette étude.

Dans le Maha-Satipatthana-Sutta, la dernière partie du chapitre consacré à la 'contemplation du corps' est étonnante: Bouddha propose à ses moines d'observer attentivement des cadavres en décomposition dans les fosses communes.
La contemplation des cadavres semble d'abord destinée à nous faire assimiler d'une manière impitoyable l'inscription du corps dans la temporalité...

«...Vraiment mon corps aussi est de la même nature, il deviendra pareil et n'en sera pas épargné...»

Cette approche du texte n'est pas fausse mais incomplète. Il faut rester conscient de l'intention principale de l'exercice. Malgré quelques trompes l'oeil, il me semble que ce qui est important ici, ce n'est pas tant la mort elle-même que l'impact qu'un cadavre peut avoir sur notre vie biologique actuelle. Puisque cet exercice est proposé dans le chapitre dédié à la contemplation de notre corps, soyons attentifs à toute la corporéité des révulsions, corporéité de l'étonnement, corporéité de l'angoisse... Essayons de déconstruire les germes du malaise, la source de la sueur froide... Analysons les prodromes physiques de l'agacement, de l'amusement, de l'exaltation éthiques ou métaphysiques.

Bouddha semble se délecter de réciter les détails piquants d'un cadavre en putréfaction pour exacerber ces réactions viscérales (corporelles)! L'impression de n'être qu'une bulle passagère dans la grande savonnée cosmique peut être profitable au méditant, mais cette impression est déjà une interprétation d'une autre chose qui est plus directement sensorielle et il est utile de n'en pas être dupe. C'est certainement un des buts de cet exercice.

Évitons aussi la dérive "moralisatrice" classique qui invite au mépris du corps. Bouddha n'est pas un grand contempteur du corps. Le Bouddhisme Théravada ne demande à ses moines ni d'être dégoûté par ce qu'ils observent, ni par leur propre nature charnelle vouée à la décomposition.
Cet exercice cherche surtout à tirer profit du très puissant pouvoir que possède le cadavre humain pour nous révéler combien notre corporéité «monte à la tête» pour corrompre notre équanimité.


J'ai personnellement vu beaucoup de personnes agoniser. J'ai vu quantité de cadavres. Je les ai vus dans les divers degrés de putréfaction... Je suis endurci à ce genre de spectacle. J'affirme pourtant haut et fort que l'habitude n'y change rien; le cadavre humain garde malgré tout un pouvoir d'interpellation que ne possède pas une quelconque charogne. Le cadavre humain réclame toujours de nous un regard critique, une introspection. Je comprends donc parfaitement pourquoi Bouddha invite ses moines à dépasser leurs répulsions pour entrer dans la contemplation de cette répulsion. Il n'est même pas nécessaire de préciser, je suppose, comment, par elle, la 'Vision Claire' ('Vipassana') se laisse approcher!


***

Voir de vrais cadavres est devenu plutôt rare. Je propose donc maintenant à mon lecteur d'en voir quelques-uns dans divers états de décomposition. Mon lecteur n'aura pas à aller jusqu'à un charnier ou un gibet; il lui suffira de cliquer. Je lui épargne les miasmes et les mouches... Bouddha ne lui aurait pas épargné cela, mais qu'importe.
À charge de mon lecteur d'analyser très précisément tout ce qui se passe en lui lorsqu'il regardera ces photos.

Pour faire les choses dans le bon ordre, je propose donc à mon lecteur:

  1. De lire le passage dédié du texte de Bouddha d'abord en cliquant ici.
  2. De regarder les cadavres ensuite, en cliquant ici (nouvelle fenêtre), tout en étant extrêmement attentif à TOUT ce qui se passe en lui durant la vision.
  3. De prendre le temps ensuite de ranger, de classer, les diverses pensées et sensations ressenties....

Il n'y a aucune raison de se refuser à cet exercice si l'on prétend s'intéresser au Vipassana et je m'étonne d'ailleurs de n'avoir jamais vu de telles photos dans les centres de méditation.

 

paul yves wery - Chiangmai, Septembre 2009
Version 1.02 - Juin 2017

 

 

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