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Version 1.02 - Mai 2017

Du supplice du nourrisson au Nirvana

Abstract: Les frontières conscientes du moi changent avec la maturité spirituelle. Le territoire du moi ne cesse de se rétrécir au fur et à mesure que la lucidité grandit...

Lorsque je remonte mentalement vers la nuit de l'utérus, lorsque je crawle vers l'origine, au fur et à mesure que j'avance, mon environnement se simplifie, les objets de mon entourage se fusionnent les uns aux autres. Plus loin encore, il n'y a plus de temps.

Aujourd'hui, je devine ce qui s'est passé.

À la naissance du temps, de 'mon' temps, j'ai dû sentir s'arracher de moi une mère et ce ne fut probablement pas facile. Elle était 'une' puisqu'elle était 'tout moins moi'. Je n'étais plus seul, je n'étais plus tout, ...j'étais! Ce qui restait de moi après cette amputation sauvage manquait de tout. Je n'étais que ce manque. J'étais avec ce manque, par ce manque.
Mais je n'étais pas encore en ce manque. Ma recherche spirituelle sera cette élucidation.

La vie du nourrisson est un supplice. Je suis né d'un démembrement, d'une torture. L'incomplétude m'a créé et par la suite, il m'aura fallu pleurer beaucoup pour obtenir peu. Au cours de ma vie, le non-moi, impitoyable, traçait et retraçait sa frontière :

«Tu n'auras que cela, le reste t'étonnera toujours!»

Ensuite, le non-moi n'a jamais cessé de déplacer ses bornes. Il lui fallait toujours plus, toujours plus grand. Ma vie spirituelle n'a jamais été que cet incessant réajustement de sa frontière.

Ce sillon entre moi et le non-moi se resserre plus et plus. Cette chair du non-moi, plutôt que de m'offrir ce que je crois manger me grignote du territoire à chaque bouchée. Ce n'est pas moi qui absorbe et dissous la bouchée pour servir mes nécessités, c'est la bouchée qui m'infiltre, me prescrit sa loi, resserre ses fers. Le non-moi pénètre au plus profond de ce que j'ai cru jusque-là, dans mon infinie naïveté, être personnel.

De moi, il ne restera bientôt qu'une lucidité et, peut-être, une liberté d'agir? Pour le reste, du non-moi partout, partout, partout... Ma lucidité grandit pour me faire voir que l'îlot où j'habite s'amenuise. Tous les jours quelques mottes de mon champ passent dans l'autre camp, de l'autre côté du sillon. Le sillon se referme sur moi. Enfin, je serai en mon manque. Ma vie spirituelle cessera. La fin du désir. Le temps s'arrêtera. Sera-ce avant ma mort?

 

***

 

Voilà comment je comprends aujourd'hui le Nirvana avec ma petite cervelle d'Occidental toute meurtrie par les coups du tiers exclu et de la causalité. Si je me comprends bien, le Nirvana n'est ni l'état d'avant ma naissance ni la mort.

Un mot encore: le travail de la lucidité, dans la terminologie bouddhiste, c'est la méditation.

 

paul yves wery - Chiangmai - Mars 2009

Version 1.02 - Mai 2017

 

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