May

(...) Lorsqu'on nous l'a apportée, cette enfant n'avait que cinq kilos de tendons, de peaux, d'os… Elle avait pourtant déjà un an et trois mois. On la tenait pour morte dans les quinze jours.
Elle chiait du sang, n'avait même pas la force de téter. Sa peau, toute ratatinée de partout, nous faisait croire qu'à l'intérieur, son foie et ses reins n'étaient plus que trognons desséchés. Je la photographiais beaucoup parce que je m'étais juré d'en faire un mythe, de rendre à cette enfant une deuxième vie, virtuelle… Je la suivrais jusqu'à son bocal de formol dans l'after dead room et, par quelques fichiers auto-exécutables, je la ferais circuler ensuite de site en site sur Internet…

La petite n'en finissait pas de ne pas vouloir mourir. Des mois que cela durait. Je m'étonnais aussi d'un détail médical: elle n'avait jamais de candidose dans la bouche, alors que tous les malades du SIDA en ont dès que les CD4 tombent en dessous de 200. N'ayant aucun labo à ma disposition, je mettais cela sur le compte de l'exception qui confirme la règle.
Une des esclaves me fait remarquer distraitement qu'elle aime le lait de soja. J'imagine soudain que ce bébé ne meurt peut-être pas du sida mais d'un problème de malabsorption. J'interdis le lait normal… et le miracle se produit. Elle grossit quasi à vue d'œil…

Il faut qu'elle parte du mouroir. Maintenant qu'elle est forte, j'ai peur que les microbes de la salle (qui ne font pas toujours la différence) la bouffent toute crue. J'avais ainsi, quelques semaines plus tôt, perdu un garçonnet asymptomatique et même gros qui avait, faute de gardes, dû rester quelques heures seulement dans la salle des agonisants. Il a quitté la salle sur mes instantes requêtes. Trop tard. Il est mort quelques heures plus tard, d'une infection pulmonaire aiguë. Hors salle, personne n'a eu le temps de se rendre compte de la gravité de son état et personne ne m'a appelé.

Il faut que la fillette parte du mouroir. Je sais d'avance que la lutte sera ardue ; tous les esclaves et les mourants l'aiment, la petite ! Personne ne voudra qu'elle s'en aille ! Les visiteurs aussi s'y attachent. Un Chinois avait déjà offert un joli petit cercueil tout travaillé et coloré qui traîne là devant l'entrée depuis quelques semaines. Un bocal de verre est prêt lui aussi…

On intrigue avec l'un et l'autre… et finalement avec des Allemands qui justement s'intéressent aux enfants séropositifs. C'est gagné. La petite fille nous quitte vivante ! Elle recevra même le plus coûteux traitement qui, peut-être, lui permettra de sortir définitivement du fossé.
Je dis à un des Occidentaux présents ce jour-là que l'enfant est sauvée, mais que certainement un autre viendra très prochainement. Il faut qu'un enfant aussi paie de son corps… pour faire jouir Dieu, que j'aime de moins en moins!
Le jour suivant, un autre bébé entre en salle… Le beau cercueil coloré ne sera ni inutile ni trop petit… A moins que… (...)

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