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RELIGIOUS SCULPTURES RELIGIEUSE

par paul yves wery

 

 

 

 

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L'approche critique des statues profanes que je proposais plus haut n'est pas utile pour analyser les statues religieuses. Pour décorer un temple ou un réfectoire de moines, le sculpteur doit obéir à des contraintes que l'artiste profane peut ignorer. Ces contraintes offrent d'ailleurs à ce sculpteur quelques privilèges qui simplifient considérablement son job; il pourra assumer sa tâche honorablement même sans disposer d'une grande inspiration. Pourquoi? C'est très simple: le vocabulaire dont il dispose est considérablement plus étoffé que celui dont dispose l'artiste profane! Sa sculpture n'est pas offerte au monde, mais à un public d'initiés qui a préalablement assumé un ensemble considérable de conventions sémantiques. Contrairement au sculpteur profane, le sculpteur religieux peut aussi travailler avec une intention très précise sans risquer de tomber dans les caniveaux de la propagande puisque le "consommateur" de son oeuvre adhère déjà à son intention. Il n'y a personne à convaincre, il n'y a pas d'opposants... La statue, ici, ne doit pas tant éveiller que réveiller dans la conscience quelque chose qui y est déjà bien engrené dans un ordre symbolique précis.

La statue religieuse est métaphore ou allégorie avant de devenir, éventuellement et facultativement, une oeuvre d'art. La beauté n'est pas impérieusement requise. Ce que l'on demande à cette statue, c'est d'aider le fidèle à se concentrer dans un cheminement spirituel. Elle est censée donner un petit coup de pouce pour entrer en prière, méditer, contempler... Si par quelque qualité formelle cette statue offre beaucoup plus que ce coup de pouce, elle risque de devenir elle-même l'objet du culte et encourager ainsi ce que d'aucun appelle de l'idolâtrie. (Ces files de touristes qui passent devant les Michel-Ange et les Bernin à Rome...)

Il faut une fois pour toutes admettre qu'une vulgaire statue de plâtre totalement inexpressive et même laide peut parfaitement convenir pour sa mission. La beauté, est bienvenue, mais doit rester seconde. La qualité d'une statue religieuse est à chercher ailleurs. Où? Dans le rapprochement de symboles inattendus mais pertinents, dans la limpidité d'une allégorie, dans la dramatisation d'un détail évangélique trop négligé... Ces qualités-là peuvent nous engager dans une aventure spirituelle tout en nous laissant absolument indifférent aux grandes questions de l'esthétique et de l'Art. Un texte inspiré pourrait assumer la même fonction, mais, pour beaucoup de dévots, ce serait plus ennuyeux.

Un Bouddhiste qui n'aurait jamais entendu parler du Christ serait très perturbé par les épines tressées en couronne sur sa tête. Il lirait sans doute dans l'association de ces deux symboles quasi universels (la couronne et les épines) une intéressante interprétation de la complexité de l'autorité, de la subtile ambiguïté du pouvoir... Le chrétien qui voit la même couronne d'épines en fait spontanément une lecture plus triviale à cause de ses codes, de son initiation. Pour lui, la couronne d'épines n'est pas tant une métaphore que le renvois à un fait historique précis qui a germé dans l'imagination d'un bourreau qui voulait ridiculiser une ambition supposée présente dans le chef de son supplicié. Ce Bouddhiste aura donc ici une lecture plus "universelle" de la statue que le Chrétien. Contrairement à une allusion aux épisodes évangéliques, les épines ou la couronne, tout comme l'étendard, l'étreinte ou le glaive font partie de ce vocabulaire supra culturel, anthropologique donc, dont le sculpteur dispose pour donner à son oeuvre d'être parfois, en plus d'une illustration, en plus d'un booster méditatif, en plus d'un enseignement ou d'une décoration, une oeuvre d'art.

Si la couronne d'épines est vraiment porteuse d'une signification supra culturelle comme un sourire, un sein nu, une faucille ou une balance peuvent l'être, alors, dans cent mille ans lorsque notre culture sera morte et enterrée, les archéologues humains qui déterreront un "Ecce Homo" pourront encore émus, ...mais l'allusion à un épisode évangélique leur échappera complètement.

 

 

 

 

 

 

 

Ils seront devant cette statue exactement comme nous sommes aujourd'hui devant les parois de Lascaux. Puisque nous ne connaissons plus et ne vivons plus dans les codes culturels des hommes du paléolithique, c'est seulement la dimension a-culturelle du travail qui nous touche. La dimension artistique de Lascaux est là, présente, et tout le reste, pour toute l'éternité, ne sera que conjectures susceptible d'intéresser des élites initiées; ces fresques ont-elle eu un rôle religieux? Une fonction cathartique? Une utilité ludique? Un usage pédagogique?...

C'est dire autrement ce que nous savions tous: la charge religieuse d'une oeuvre n'est pas incompatible avec sa charge artistique. Mais c'est encore et surtout dire que ce qui introduit une statue dans l'Art, ce n'est pas ce qui en fait une oeuvre religieuse et que, donc, si l'on veut parler de "Grand Art", l'initiation culturelle est inutile voire importune puisqu'elle risque d'étouffer ce caractère universel de l'oeuvre. (La doxa dit l'inverse évidemment.) J'ai utilisé l'exemple de la couronne d'épines à dessein pour montrer que c'est le codage culturel qui prédomine spontanément dans la conscience du spectateur chrétien et que ce code-là estompe subrepticement la force universelle (anthropologique) de l'oeuvre. Pour le Chrétien, il faudra faire un effort de distanciation pour retrouver la charge artistique universelle d'une couronne d'épine alors que ce sera la seule lecture possible pour celui qui ignore tout des codes chrétiens originaux.

 

Un Bouddha traditionnel de Ayutthaya photographié par

l'artiste Hugues Hardy (hugues-hardy-photo.com)

 

Il ne faudrait pas penser que la lecture d'un Bouddha serait moins entravée par des codes culturels locaux que celle de nos "Ecce Homo". L'Occidental non initié qui contemple un Bouddha thaïlandais s'étonnera peut-être des "crolles" dextrogyres bien alignées sur le crâne de l'Éveillé, mais est-il seulement en mesure d'imaginer que pour le peuple des dévots locaux, il s'agit d'escargots qui viennent en rangs d'oignons rafraîchir le crâne rasé de l'illustre sage tout accaparé par sa méditation? Nous n'y voyions que le caprice d'un étrange coiffeur... ou, tout au plus, les flammèches censées visualiser l'intensité vibrante de la spiritualité bouddhiste.

Une partie de ce que l'on appelle "l'Art Contemporain" (qui n'a rien à voir avec la contemporanéité puisque cette école sera bientôt centenaire!) a sciemment, pour toute l'éternité, renoncé à l'anthropologie et, donc, à l'universalité, pour se dédier à des salons d'initiés. Il faut oser dire que tel Moore devant la succursale de telle banque, au même titre que tel alignement d'escargots sur la tête d'un Bouddha d'Ayutthaya ou telle Vierge très typée en plâtre blanc avec un coeur en or qui rayonne dans l'ombre d'une chapelle de Namur, resteront pour toute l'éternité des affaires strictement "provinciales", c'est-à-dire destinées seulement à des sous-cultures très circonscrites. Celui qui n'est pas concerné par l'histoire de l'abstraction progressive de la sculpture du XXe siècle en Occident ou par le Bouddhisme rural thaïlandais ou par la mariologie et les apparitions de Beauraing près de Namur ne sera touché que par ce qui ne demande pas d'être compris, c'est-à-dire principalement l'élégance, le charme et, pourquoi pas, la beauté de l'oeuvre. Pour savoir si un mobile de Calder, une compressions de César et l'urinoir de Duchamp (qui sont déjà richement valorisés par les musées, le marché et les salons "branchés") appartiennent au "Grand Art" il faut les imaginer à l'épreuve de Lascaux. (Mon ironie est évidemment impertinente. Je le sais. Elle est le fruit d'une tautologie: je définis et puis je feins pouvoir juger en fonction de la définition... Mais une bonne dose d'ironie s'impose si l'on veut aimer aussi cette branche-là de la production sculpturale...)

Peut-on penser un Grand Art qui ne soit qu'accessoirement universel? Peut-on penser l'entrée d'une statue en Art par les vertus de critères "provinciaux"? Faudrait-il assumer que l'essentiel de la valeur artistique n'est pas anthropologique mais lié à des caractéristiques contingentes (langue, religion, histoire culturelle, muséologie, ghetto financier...)? Peut-on accepter que, dépourvue de tous symboles universalisables, telle ou telle statue appartienne tout de même à l'Art par les seules vertus d'une théorie académique, sur la seule base d'une tradition ou d'une mythologie, (...)? Personnellement, mais cela n'engage que moi, je réponds "non". Il ne faut pas confondre la performance catégorielle du cerveau indispensable pour entrer dans l'art et la connaissance de datas particuliers qui permettent d'entrer dans les dimensions provinciales d'une statue. Il va de soi qu'un jeune enfant, la brute et le sot ne savent pas entrer en résonance avec la Victoire de Samothrace comme peut le faire un adulte bien charpenté mentalement par une formation philosophique, mathématique et linguistique de base. Pour autant, je n'aime pas penser l'Art en termes d'initiations culturelles pour une simple raison qui ne vaut pas que pour moi depuis que le Romantisme en a fait comme un dogme: l'art est universel ou il n'est pas! Pour une statue "contextuellement belle", parlons plutôt "d'artisanat", "d'art sacré", "d'illustration" ... mais pas "d'Art tout court". Il ne faudrait pas faire de concession sur cette convention sémantique-là, me semble-t-il, sous peine de rendre la langue moins fonctionnelle, moins utile... Toute oeuvre pourrait être du Grand Art s'il ne s'agissait que de canoniser des conventions culturelles qui auraient présidé à sa création. Et, surtout, c'est par exactement le même genre de démarche que toute oeuvre pourrait aussi être exclue de l'Art! Aucune affirmation ne serait falsifiable... Tout serait indifféremment vrai ou faux. C'est l'impasse de Poper dont il faut tenir compte ici aussi si l'on veut simplement pouvoir parler de l'Art... C'est n'aimer personne qu'aimer tout le monde disait Alceste (Mysanthrope de Molière), et il y a tout de même quelque chose de profond dans son propos. Il existe bien assez d'invariants anthropologiques pour pouvoir repérer et penser un Art avec un grand "A". L'expérience de l'art nous dit depuis toujours que dans cette sphère, il y a quelque chose qui préexiste aux codes d'interprétation.

 

 

 

 

"DIALOGUE BOUDDHISME-CHRISTIANISME"

 

Puisqu'il est communément toléré qu'un artiste amateur s'essaye à péter plus haut que son cul, le grand naïf que je suis a d'abord essayé que ses sculptures religieuses ne soient pas que des métaphores ou des allégories mais aussi des oeuvres d'Art... Bon Dieu!... C'est alors que j'ai cassé mes ongles contre l'évidence et la puissance du génie des Michel-Ange et autres Bernin. J'ai été tout de suite obligé d'admettre que mes statues n'arrivaient pas à émouvoir les visiteurs de mon atelier (majoritairement bouddhistes ou agnostiques). Tout au plus arrivais-je à les intriguer lorsque, après avoir été poliment interrogé, je leur expliquais mon travail par des codes et des référents puisés dans la théologie chrétienne ou bouddhiste. Ils souriaient alors encore plus poliment...

Je suis moi-même le disciple de deux religions apparemment incompatibles: le Christianisme et le Bouddhisme. Au niveau théologique, je m'en suis longuement expliqué par quelques articles publiés sur ce site et ailleurs. Mais lorsque je voulais dire cela par une sculpture, elle était tout au plus reconnue par mes visiteurs comme un acte politique, jamais comme de l'Art digne de ce nom ni comme une invitation spirituelle. Misère que le destin du sculpteur engagé...

 

 

 

Au pieds de Bouddha le serpent vit et protège. Dans la mythologie bouddhiste le naja avait par exemple protégé l'Eveillé de la pluie. Au pieds de Jésus, le serpent et mort parce que dans la mythologie judéo-chrétenne, il représente Satan et que dès le livre de la Genèse, sa mort est annoncée comme une délivrance.

 

Moi-même, je trouvais que ces statues richement "sémantisées" étaient laides... Et pourtant je n'arrivais pas à me résoudre à les détruire. Parfois, j'osais même les publier sur mon site (il faut tout de même ajouter ici que, grâce à la photographie, la plus horrible des statues peut devenir présentable; il suffit d'apprendre à utiliser une caméra digitale!). Aujourd'hui, je sais mieux pourquoi j'avais raison de ne pas les détruire. Ces travaux-là ne sont pas des oeuvres d'art d'un artiste plus ou moins habile mais des statues religieuses faites par un dévot, c'est-à-dire des credos, des prières, des allusions théologiques, un affinements identitaires, un acte missionnaire...

Nous autres, les petits modeleurs de saints, de sages, et de métaphores spirituelles, nous autres, les illustrateurs de croyances, nous faisons des statuettes comme tout un chacun confesse ses convictions, rédige une lettre d'amour ou forge sa musculature... Nos filles de plâtre qui traînent dans nos ateliers, sur des étagères domestiques et parfois près des autels, ne les regardez pas comme des oeuvres d'art mais comme des messages qui cherchent à parler à leurs manières des grandes questions métaphysiques... C'est comme pour les escargots en rangs d'oignons sur le crâne de Bouddha; ils ne sont pas toujours très beau mais il y a, même là, quelque finasserie spirituelle susceptible de troubler un dévot: ça chauffe dans le crâne de l'Éveillé et les gastéropodes qui, apparemment, n'ont rien en commun avec cet homme rasé, se sentiraient concernés et voudraient contribuer au succès de son entreprise?... Pourquoi les animaux, les plantes (lotus), la Nature entière, devraient-ils se sentir concernés et s'émouvoir du geste de Bouddha? Cette question-là mérite une méditation et quelques statues.

 

Malgré les nombreuses années que j'ai passées en Orient, je ne possède pas pleinement les codes du Bouddhisme. Le vocabulaire que je maîtrise est encore trop élémentaire, trop "scolaire": le sourire, le cobra protecteur, la fleur de lotus, les longues oreilles, le troisième oeil... et puis je ne sais plus... Je n'ai donc fait que très peu de statues bouddhistes. En plus de quelques portraits très classiques de Bouddha, il y a tout de même cet homme empêtré dans des barbelés et des épines; son crâne s'ouvre comme un vagin pour accoucher d'une tête d'Éveillé... Commentaires inutiles, je suppose... Cette statuette de 20 cm de haut a très mal résisté à la cuisson. Je m'y réessayerai plus tard...

 

 

 

Tout chrétien qui entre dans une chapelle chrétienne sait que la statue d'une jeune femme avec un bébé sur la hanche, 99 fois sur cent, c'est Marie. Elle est supposée être vierge... Il sait que la présence de cette statue a en soi une signification ecclésiale lourde: une frange du christianisme méprise ce culte désuet qui accorde tant de place à un instinct charnel dans une affaire religieuse... Cette femme qui porte un bébé est tellement chargée symboliquement que même son absence dans un lieu de culte chrétien parle! Son absence laisse à penser que l'on est dans un univers protestant où l'on valorisera des beaux raisonnements théologiques mais surtout pas ces pulsions sentimentalistes...

 

 

 

 

Je reconnais, bien sûr, l'absurdité de la mariologie, mais j'admire en elle cette humilité intellectuelle qui laisse Marie dire ce que la raison est incapable de dire. Il me semble que derrière ces dévotions-là, il y a aussi quelque chose de cet "ineffable" qui rapproche et réconcilie le divin et l'humain.

Il y a par ailleurs dans "l'affaire Marie" un mystère typiquement chrétien qui, à mes yeux, est susceptible d'intéresser même le plus rabbinique des Protestant et qui se résumerait dans la formule suivante: "Marie, la créature du Dieu créateur, à fait naître le Dieu créateur"... Ce cercle vicieux qui fit couler beaucoup d'encre et suscita bien des finasseries théologiques (qui, aujourd'hui, font sourire certains: distinction entre "création" et "engendrement", subtilités trinitaires, etc.), aiguise la sensibilité spirituelle et mérite bien une statue! J'ai donc fait quelques Vierges qui semble surgir d'une glaise pétrie par les trois mains de la Trinité (dont l'une, percée d'une plaie, est manifestement celle du Christ, ce même Jésus que Marie porte dans ses bras). "Marie la Mère de Dieu" est la figuration par excellence de cette intimité paradoxale qui rapproche le Chrétien et son Dieu et qui fait vivre le christianisme. Le serpent sous le talon de la femme, une allusion à la prophétie vétérotestamentaire, confirme l'implication mythique du cercle vicieux...

 

 

 

 

Le côté sérieux et triste du Christ en croix a trop fait oublier aux Chrétiens qu'il y a aussi une forme de bien-être, voire de plaisir, inhérente à la religion de l'Incarnation. Dans les bras de Marie, Jésus, à coup sûr, a dû rire comme tous les autres bébés du monde et ce détail-là, je ne le laisserai jamais passer. Je contribuerai jusqu'à ma mort à réveiller la mémoire du Dieu qui rit...Toutes les Vierges à l'Enfant que je sculpterai diront tout haut que le Christianisme, par-delà toute joie, a aussi à faire avec le plaisir dans la chair par la relation et dans la relation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il y a dans le Christianisme une affirmation singulière qui, à mes yeux, en fait une des religions les plus sympathiques pour les philosophes. Cette affirmation est épistémologique et est résumée dans la célèbre introduction de l'Évangile de Jean. "Au commencement était le Logos et le Logos était Dieu, etc."

Le texte de Jean est beau, mais, hélas, avouons-le, il est abscon. C'est aux théologiens de nous vulgariser ces finasseries-là, mais je pense que je peux déjà résumer l'essentiel de cette affaire en une simple formule: Le Dieu des Chrétien a choisi de rester en contact avec sa créature en acceptant de se plier à des conventions langagières. Dieu aurait accepté de nous donner de communiquer avec lui malgré ce que cela coûte à sa présupposée "Toute-Puissance". Il n'est plus "tout-puissant" puisqu'il a accepté de ne pas être illogique avec nous. Entre Lui et nous il restera toujours au moins quelques symboles partagés. Dieu s'est offert à notre conscience par le Logos...

En jargon sculptural, cette affirmation pourrait donc devenir quelque chose comme les doigts de Dieu, les doigts de la Trinité, qui modèlent notre cerveau et ouvrent notre bouche... Dieu est dans ce don-là avant tout le reste....

 

(avant cuisson)

 

 

 

Il y avait encore un détail évangélique à mettre en exergue: Joseph qui rend l'enfant au monde au retour d'Égypte.

La première version montrait Joseph qui force un peu l'enfant à sortir de sa cape protectrice... la seconde propose sans plus...

La main qui tire la petite main ou la main qui porte la petite main? Je ne sais pas trop... C'est pourtant important puisque Joseph c'est aussi l'image de notre devoir.

 

 

Joseph rend Jésus au monde : version 1

 

...et version 2

 

 

 

 

Le corps et l'esprit...

 

Sculpter c'est en soi, dans le chef du sculpteur, une recherche spirituelle...

Pour moi, le corps, la chair, "la viande", c'était d'abord très clairement l'enfant singularisé par par l'agencement précis de son visage dans l'espace et qui tentait de sortir nu de l'étoffe... L'esprit, l'âme, la raison, la pensée, c'était bien sûr ce moine, cette étoffe vide, ce monstre froid et impersonnel qui invite l'enfant à aller dans une direction opposée... Derrière ces deux fous, la femme, la mère éternelle, elle aussi sans visage - "Dame Nature" peut-être? - rappelle à ces "pulsions" contradictoires qu'elles dépendent toutes les deux de son sein...

J'imagine un critique d'art qui arrive devant la statue. Il lit le titre d'abord. Puis il dit que le corps, la chair, la "viande", c'est la femme éternelle, impersonnelle, perpétuelle nourricière des évidences comme des vérités absconses... L'esprit, la pensée, l'indicateur impersonnel d'une direction, d'une norme, c'est le moine sans visage... Et la fécondité du couple, c'est l'enfant qui sourit, le fruit du mariage entre la nature et la norme...

Un autre critique d'art arrive. Il affirme lui aussi que le corps, c'est la femme et son sein salutaire, mais il ajoute que l'âme, l'esprit, la pensée, c'est l'enfant libre et heureux que le maudit redresseur de tord, la peur de la vie, essaye d'orienter vers ailleurs...

Un ami voit la statue et y lit l'enfance qui essaye d'échaper aux bal masqué des adultes...

Qui a raison? Tous. La statue énonce l'unité de ces contradictions. Telle ou telle critique n'est qu'une entrée dans une maison qui en a beaucoup d'autres. Et le titre que le sculpteur décrète n'est d'ailleurs rien de plus et rien de moins qu'une première critique. Le sculpteur n'en sort pas indemne.

 

Trois bons vieux moines suppliants, trop fatigués d'attendre pour être simplement tristes... La spiritualité c'est aussi (et peut être avant tout le reste) cette épreuve-là...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La main se stigmatise...

 

Le sage interpelle... Il laisse des questions sérieuses dans son sillage. Celui-ci, Saint Siméon le Stylite, a existé. Les grands du mondes allaient le consulter au pied de sa colonne en Syrie... Il se disait chrétien. Etranges questions qu'il soulève encore aujourd'hui...

 

 

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